jeudi 21 mars 2013

Donner le choix aux femmes? Mais vous n'y pensez pas voyons!

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Gynéco-Obstétrique. Ça fait longtemps que j'ai envie d'aborder ce sujet, et que je repousse, car je ne sais pas par quel bout le prendre, et j'ai peur aussi de mal me faire comprendre.
Alors pardonnez-moi d'avance si ce billet est un peu fouillis, c'est écrit avec le coeur plus qu'avec la raison.
Le sujet m'est venu à la suite de mes propres expériences de femme, les naissances de mes 2 marmots. Il a mûri au fil de mes discussions twitterales plutôt animées avec mes twittamies sage-femmes, médecins, et mamans: notamment 10 lunes, sophiesagefemme, souristine, la poule pondeuse, Marlène Schiappa, Knackie (ma troll préférée). Nous avons toutes été plus ou moins choquées par le procès en sorcellerie intenté aux sage-femmes, enfin du moins à celles qui défendent une certaine vision de leur métier, indépendant des obstétriciens, pour le suivi des femmes EN BONNE SANTÉ et des grossesses et accouchements A BAS RISQUE. Procès intenté par un certain nombre de gynécologues, médicaux et obstétriciens, et surtout une que je ne nommerais pas, si vous voulez faire sa connaissance, 10lunes en parle beaucoup mieux que moi.

Je suis médecin, et tout comme dans ma pratique j'essaie de ne pas médicaliser ce qui n'a pas besoin de l'être, de ne pas prescrire des médicaments là où il n'y en a pas besoin, j'aimerais que l'on fasse de même en ce qui concerne la grossesse et l'accouchement.

D'après ces honorables gynécologues, la looongue espérance de vie des femmes françaises est liée à leur admirable travail de suivi des femmes.  Mouais. Si prescrire des pilules de 3e génération et faire des frottis tous les ans à partir de 18 ans améliore la vie des femmes, peut-être.
Oui, je sais, je suis caricaturale. Mais pas tant. Et puis, à vrai dire, l'autre côté l'est aussi, beaucoup.
Personnellement en tant que patiente, c'est l'expérience que j'ai de la gynécologie médicale. Une gynéco qui, à 20 ans, m'a prescrit une pilule 3e gé, sans me poser la moindre question sur mes antécédents personnels ou familiaux, et qui voulait toujours me faire le frottis tous les ans, dès 20 ans (parce que je ne l'ai pas consultée plus tôt...). Tous les ans je négociais, non mais on peut peut-être attendre l'an prochain quand même...
Et en tant que médecin généraliste qui reçoit des femmes suivies par des gynécologues médicaux, le tableau n'est pas fondamentalement différent.

Bon, pour ce qui concerne l'amélioration de l'état de santé des femmes grâce au consciencieux suivi des gynécologues médicaux, je ne suis pas convaincue. Attention, je ne suis pas en train de dire que le suivi gynécologique ne sert à rien... Je suis la première à vérifier que les femmes ont fait un frottis il y a moins de 15 ans... Mais faire un TV et un frottis à une jeune fille de 18 ans qui vient demander la pilule, puis lui prescrire une pilule 3e G, sans interrogatoire, et sans information sur les autres moyens de contraception existants, j'adhère moyen.

C'est peut-être alors sur le suivi de grossesse, et l'accouchement que se joue la survie des femmes françaises? Ah oui mais mince, il se trouve que nos indicateurs de mortalité maternelle périnatale sont loin d'être les meilleurs d'Europe... Alors quoi? Je ne sais pas.

Par contre, le besoin d'une certaine frange du corps médical de prendre le pouvoir sur la vie, le corps et les choix des femmes, ça je vois bien.

Actuellement à l'Assemblée Nationale, est présentée une proposition de loi visant à "expérimenter" les maisons de naissance. Pas "autoriser", non, grands dieux, "expérimenter" seulement. Ne poussons pas le bouchon.
Cette proposition de loi, ce projet d'ouvrir des maisons de naissance, défrise un certain nombre de gynécos, notamment celle dont je ne citerai pas le nom. (C'est comme Voldemort, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom...) Mais pourquoi tant de haine? Après tout ça existe déjà dans de nombreux pays, européens ou non. La Suisse, la Belgique, les Pays-Bas pour ne citer qu'eux. Qui ne sont pas spécialement connus pour leur fort taux de mortalité périnatale...

Alors où est le problème?
Les adversaires des MDN (pour maisons de naissance, ça fait plus court hein...) aiment beaucoup caricaturer les raisons pour lesquelles les femmes souhaitent un retour à un accouchement plus physiologique, moins médicalisé. Ce sont des bobos, la mode est au bio/naturel/équitable, le 21e siècle est spirituel et c'est le grand retour de l'"enfantement dans la douleur"....
Quand j'entends ça, j'ai juste envie de dire.... Pour des gynécos, SPECIALISTES DES FEMMES, vous n'avez juste rien compris.

Prenons mon cas personnel (je ne suis représentative que de moi-même, bien entendu, mais au moins je parle de ce que je connais).
J'ai accouché 2 fois, en maternité, niveau 1 puis niveau 2. Deux grossesses physiologiques. Une première grossesse suivie par la même gynéco médicale évoquée ci-dessus, avec 1 TV par mois (mes amies SF vous le diront, en dehors de signes d'appel ça ne sert à rien), une écho surprise au 4e mois, au cours de laquelle j'ai à l'insu de mon plein gré appris le sexe du bébé en l'absence de son père... Par contre, pas une fois elle ne s'est préoccupée de savoir comment j'allais, comment ça se passait au boulot... Et je ne vous raconte même pas pour quoi je suis passée quand j'ai refusé le dépistage de la trisomie 21.
Fin de suivi dans cette mater de niveau 1, où les SF n'étaient même pas autorisées à faire les consults de suivi... Leur rôle était de réceptionner les biologies, faire la BU, et prendre la TA. Ouah, que c'est valorisant...
Accouchement totalement foireux, avec travail seule (mon mari n'a pu me rejoindre que plus tard), aucun soutien hormis la visite horaire pour le TV. Pose de péri salvatrice, oui, vu comme je me sentais seule avec ma douleur. MAIS, péri trop forte, poussée inefficace, maman épuisée, forceps, épisio. Grosse, hein, l'épisio, sinon c'est pas drôle.
Par la suite, accompagnement à l'allaitement tout aussi foireux (je montre à la SF mes seins qui saignent: "ouh là, ces crevasses..." Me tend un sachet de Lansinoh. Point.) Je vous dis, si j'ai allaité mon fils 6 mois au total, c'est que je suis têtue. Mais VRAIMENT têtue.
J'ai appris récemment en formation qu'une femme peut faire un syndrome de stress post-traumatique suite à un accouchement considéré comme normal par l'équipe médicale, simplement parce que son vécu des évènements est trop éloigné de ce qu'elle imaginait au départ. Quand je repense à cette période, je pense que c'est ce que j'ai fait, a minima. Je garde un très mauvais souvenir de cet accouchement, en dehors bien sûr du fait d'avoir fait connaissance avec mon petit garçon.

Pour le 2e, un peu échaudée du suivi par un gynéco, j'ai cette fois décidé de me faire suivre par une SF libérale. Effectivement suivi beaucoup plus attentif, respectueux de mes attentes, et PAS de TV à chaque fois (juste un à la dernière consult avant la mater, "histoire que les collègues ne disent pas que je vous ai jamais examinée...")
Et puis accouchement de nouveau en maternité, une autre, et de nouveau, la solitude (de nouveau mari pas là... J'ai de la chance me direz-vous.) De nouveau, les seules visites étaient pour le TV horaire. Cette fois, les choses sont allées plus vite, pas le temps de poser la péri, le bébé est arrivé très rapidement. Pas besoin de forceps. J'ai découvert que oui, les contractions c'est douloureux, mais putain qu'est-ce que c'est plus efficace quand on SENT comment et quand on doit pousser... Et bien que cette fois-là je n'avais pas choisi d'accoucher sans péri, je suis très heureuse de l'avoir fait, de savoir que oui, j'en suis capable.

Alors les adversaires des MDN disent qu'on veut revenir en arrière, priver les femmes de la sacro-sainte péridurale, les obliger à souffrir.
Mais enfin quoi? A-t-on jamais dit à quiconque qu'on voulait que TOUTES les femmes accouchent en MDN? Est-ce que ouvrir une possibilité différente à celles qui le souhaitent veut dire priver les autres?
Les adversaires râlent qu'on veuille déposséder les mater de leurs SF, déjà trop peu nombreuses, pour garnir des MDN. Ben non, hein, on n'a jamais dit ça. Ce qui serait bien c'est qu'il y ait assez de SF dans les mater, ET des MDN pour celles qui le souhaitent. S'il n'y a pas assez de SF dans les mater, ce n'est pas la faute des MDN (vu qu'elles n'existent pas encore), c'est parce qu'on fait des économies sur le dos du personnel. Il y a des SF au chômage, et c'est un scandale!
Les adversaires disent, mais il n'y a qu'à ouvrir des espaces physiologiques dans les mater, ça ira très bien, c'est pareil. Certains disent même, il y a DÉJÀ des espaces physio dans toutes les mater, alors de quoi a-t-on besoin en plus? Heu, je sais pas, mais dans la mater où j'ai accouché, construite en 2009, pas l'ombre d'un espace physio.
Alors oui, les espaces physio, c'est bien, mais ça n'a rien à voir avec une MDN, et surtout ça n'a rien à voir avec l'ACCOMPAGNEMENT GLOBAL A LA NAISSANCE. Car c'est ça le nerf de la guerre.
Et en ce qui concerne les arguments de "spiritualité", certaines peut-être le voient comme ça, personnellement, la spiritualité, je m'en cogne. Je suis la plus athée de toutes les athées, et il n'y a pas la moindre spiritualité dans mon désir d'accoucher différemment. 

Quand on y réfléchit bien, la naissance d'un enfant, c'est quand même un des jours les plus importants de la vie d'un couple. C'est peut-être pas toujours le plus BEAU, mais au moins c'est un jour important. Est-il normal qu'à l'occasion de cet évènement unique dans la vie de votre famille, vous soyez pris en charge par des gens que vous n'avez jamais vu, et que vous ne reverrez jamais?

Personnellement je n'ai aucun souvenir de la tête et du nom des SF qui étaient là lors de mes accouchements. Forcément, un TV par heure, ça n'aide pas trop à tisser des liens.
Est-ce qu'il ne serait pas bien, voire souhaitable, que lorsque vous accouchez, vous soyez soutenues par un(e) professionnel(le) que vous connaissez bien car  il/elle vous suit depuis le début de votre grossesse (voire même avant, soyons fous, si vous avez fait le suivi gynéco avec lui/elle). Quelqu'un en qui vous avez confiance, qui VOUS connaît, et saura de quoi vous avez besoin pour avancer.
Et surtout, qui soit LA, près de vous, pas 2 min une fois par heure.
Moi, en tout cas, ça me plairait. Beaucoup plus qu'une péridurale qui m'endort complètement le bas du corps, qui me fatigue pendant plusieurs jours après, et qui me fait faire le plus beau malaise vagal de toute ma vie...

Mais apparemment certains gynéco ne peuvent pas intégrer que certaines femmes CHOISISSENT de ne pas utiliser une péridurale. C'est la panacée. Tout le monde devrait vouloir accoucher sur le dos les pattes en l'air, avec un monito scratché autour du bide, une perf dans le bras, et surtout sans rien sentir.

Mais la péridurale, elle est bien gentille, mais elle me tient pas la main pour m'encourager, elle me dit pas des mots gentils pour me coacher et m'aider à gérer mes contractions.
Le sentiment clé que je retiens de mes 2 accouchements, c'est la SOLITUDE.
Alors j'ai décidé, que quand il y aura un projet de 3e, je ferais ce qu'il faut pour que cela ne se reproduise pas. Évidemment je ne peux pas compter sur le fait que le papa sera là. Ce serait trop facile.
Donc pour moi, la prochaine fois, ce sera accompagnement global. Vers chez moi, ça veut dire, soit accouchement à domicile, soit en plateau technique avec SF libérale. J'ai pas encore décidé, on verra, aussi selon les possibilités.
Je ne vais pas attendre que les MDN existent, j'ai peur que d'ici là je sois ménopausée.

Je ne veux pas être mal comprise: je ne veux absolument pas dire ici que le personnel des maternités ne fait pas un bon travail. Il fait ce qu'il peut, de son mieux, avec ce qu'il a. Personnellement, le jour où j'y étais, je n'y ai pas trouvé mon compte. Peut-être un autre jour avec d'autres gens, les choses se seraient-elles passées différemment. Pleins de femmes sont ravies de leur accouchement en maternité.

Je ne veux pas opposer les différentes possibilités, je pense qu'elles sont COMPLÉMENTAIRES. Les êtres humains sont tous différents, et ont des souhaits différents pour leurs choix de vie. Pourquoi faudrait-il à toute force calquer le même modèle à toutes les femmes enceintes?
Ne peut-on pas imaginer (allez, soyons fous!) que les femmes, les couples, sont en général assez intelligents pour s'informer sur les différents choix existants, et pour prendre leur décision en connaissance de cause?

Dans mon monde idéal, celui des Bisounours, ça se passerait comme ça: pour leur suivi gynéco et leur contraception, les femmes consulteraient soit une sage-femme, soit un généraliste. Ceux-ci, en cas de difficulté ou de pathologie, les adresseraient à un gynécologue pour un avis ou une prise en charge. De même, pendant la grossesse, si tant est que la femme soit en bonne santé et que la grossesse ne présente pas de risque ou de pathologie particulière, elle pourrait se faire suivre soit par une sage-femme, soit par un généraliste (qui soit un peu au courant, hein, parce que ne nous voilons pas la face, tous les généralistes ne sont pas compétents en gynéco-obstétrique. J'ajouterais, un généraliste qui AIME ça). On prendrait le temps de les écouter, on ne leur sauterait pas dessus avec un doigtier. Ça coûterait beaucoup moins cher à la sécu, je suis sûre que les femmes en seraient satisfaites, et surtout, les gynécos, qui seraient débarrassés du suivi de tous les cas non pathologiques, seraient beaucoup plus disponibles pour recevoir et prendre en charge celles qui en ont VRAIMENT besoin. Les délais de rendez-vous seraient raisonnables.
Pour l'accouchement, les femmes qui ont besoin d'une surveillance médicale particulière seraient orientées en maternité de niveau 2 ou 3, selon les cas. Pour les autres, elles auraient le choix: maternité classique, espace physiologique, maison de naissance, accouchement à domicile.
Tout en ayant toujours un dossier de prêt à la maternité la plus proche, au cas où il y aurait besoin de la transférer.
Chacune pourrait choisir en toute liberté le type d'accompagnement qu'elle désire, selon son vécu, son ressenti, selon qu'elle veuille ou non une péri. Personne ne jugerait le choix qu'elle aurait fait, même si au final il ne peut se réaliser pour cause de problème médical (du genre "vous pensiez accoucher à domicile? Pauvre inconsciente!" Pas du vécu mais pas loin...)

Voilà ce que j'aimerais pour moi et pour les femmes de mon pays. J'ai l'impression que c'est trop demander. Pourquoi, je ne comprends pas.


Pour conclure, j'aimerai faire une petite mise en perspective. Ces questions que je pose aujourd'hui, on est bien d'accord, ce sont des questions de riches. Dans notre pays, depuis 50 ans, nous avons réussi à assurer (quasiment à toutes) la sécurité physique de la mère et de l'enfant lors de l'accouchement. Évidemment il y a encore des drames, on peut toujours faire mieux. Mais grosso modo, les françaises risquent peu de mourir en couches, comparées à leurs consoeurs d'autres continents. Et c'est bien. Maintenant que ça, c'est fait, il faut nous occuper de la sécurité émotionnelle de la mère et de l'enfant à la naissance. C'est le nouveau challenge du 21e siècle. L'accompagnement humain de la périnatalité. Et là, il y a du boulot. Mais ça vaut le coup. Je veux dire, ça vaut VRAIMENT le coup. (copyright Alors Voilà)


Quelques liens sur le sujet:
le blog de 10 lunes, mon idole en ce qui concerne la périnatalité.
Sage-femme mon amour par Souristine, ma twittamie, médecin comme moi, avec qui je suis totalement en phase à ce sujet.
le blog de Knackie (elle adore jouer la méchante, mais en vrai on la croit pas...)
Un très bon billet sur la péridurale, chez la Poule Pondeuse, qui tient par ailleurs un super blog. Il y a plein de très bonnes références dans cet article.

Des lieux d'accouchements alternatifs:
Une maternité respectueuse mais en difficulté, le Belvédère.
Le groupe Naissance (région parisienne)
Comme à la Maison  (à Paris aussi)


Et pour un très belle illustration de l'emprise du "corps" médical sur le "corps" des femmes, je ne saurais trop vous conseiller de lire le merveilleux livre de Martin Winckler: "Le Choeur des Femmes"





26 commentaires:

  1. Wouah, merci pour ce billet, qu'on sent certes écrit avec les tripes, mais aussi longuement mûri. J'adhère totalement à ce que tu écris.
    Je mesure en te lisant la chance que j'ai eue pour le suivi de mes grossesses et les naissances de mes enfants. Ça ne s'est pas toujours passé comme je l'avais rêvé (n°1 en siège - sans souci particulier mais plus médicalisé que prévu - , n°2 accouchement très rapide qui m'a un peu dépassée, n°3 présentation postérieure donc je garde un souvenir, hum, intense...)
    MAIS à aucun moment je n'ai vécu cette solitude dont tu témoignes, j'ai été formidablement accompagnée et soutenue par les sages-femmes de la maternité (le Belvédère, en l'occurrence) - et par mon mari, accessoirement ^^

    L'accompagnement humain est irremplaçable, avec ou sans péri.

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  2. J'ai saisi le sens de votre billet et je ne peux que vous encourager à diffuser ce genre de messages.
    Mais vous vous êtes arrêtée en chemin.
    Si vous croyez que les MG et les SF prescrivaient moins de pilules de troisième génération... et plus de DIU...
    Mais le problème est : la médicalisation de la grossesse. Et aussi, comme vous le soulignez : le patriarcat gynécologique qui font des femmes gynécologues des hommes comme les autres.
    Marc Girard a écrit un très beau livre sur La Brutalisation du Corps Féminin. http://www.rolandsimion.org/spip.php?article273
    Bonne lecture.

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    1. Les stats montrent bien quand même que les plus gros prescripteurs de 3G étaient les gynéco (d'où l'inanité de la mesure qui proposait de leur réserver la prescription). Pour les DIU je suis d'accord avec vous ils sont monumentalement sous-employés, ce que je m'efforce de réparer jour après jour. Mais bon, tout ça n'était pas le sujet principal de ce billet...

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  3. Chouette billet, c'est important que différents avis soient donnés autour de la naissance.
    J'aime beaucoup la fin, l'idée que le prochain défi c'est de s'occuper de la sécurité émotionnelle des parents et de l'enfant.
    Je suis moi aussi médecin et maman, ce qui donne un point de vue de chaque côté de la barrière.
    J'ai eu la chance pour ma première grossesse d'être pas loin du pas des bisounours: suivi global avec une gynéco en secteur 1, TV à chaque fois mais aussi séances d'haptonomie avec elle. Et se présence à l'accouchement qui nous a beaucoup soulagé, l'accueil des sages-femmes aillant été sommaire voire perçue par moi comme agressif ("vous ne souhaitez pas de péridurale ?!?" d'un ton qui disait ma cocotte tu vas en chier et ne compte pas sur moi pour t'aider).
    Nous avions pu discuter de cette hypothèse avant avec cette gynéco formidable, et son discours avait été plus qu'à l'écoute: il m'avait ouvert des perspectives.
    Elle était d'accord pour nous aider à nous passer de péridurale, et même me dissuader si je "craquais" alors qu'elle sentait que cela pourrait se terminer vite et sans. Mais elle a aussi remis la péridurale à sa place: un chouette outil qui parfois peut aider la maman à moins souffrir et à garder ses forces pour accompagner le travail, et donc me la proposer s'il elle la pensait utile.

    Cet accouchement où nous avons été acteurs, avec son aide, sans péri, a beaucoup compté pour nous donner confiance dans notre rôle de jeunes parents un peu paumés (en premier semestre d'internat, aucun de nos potes n'avait d'enfant pour partager ce grand bouleversement).

    Pour la 2°, autre hôpital, le fait de ne pas savoir quelle sage-femme allait nous accueillir à fait que nous sommes arrivés juste: après 12 h de travail à la maison, j'ai accouché en 15 min. Le sage-femme/homme qui avait suivi la grossesse nous avait donné beaucoup de repères pour gérer une grande partie du travail seul et savoir a peu près quand se rendre à la mater.La crainte d'une trop grande médicalisation ou d'un manque de soutien a fait que nous avons choisit de rester le plus longtemps possible tranquilles chez nous mais les 40 min de trajet ont été épiques! J'aurai aimé pouvoir arriver plus tranquillement à l'hôpital, prendre le temps de m'y installer en confiance.
    Des souhaits de privilégiés ?

    Cela a marqué notre vie de parents: pouvoir être accompagnés, guidés , comprendre ce qui se passait, être un peu autonomes avec la présence vigilante et rassurante de professionnel(e)s c'était précieux.

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    1. Ton expérience montre bien qu'il existe aussi, heureusement, des gynécos à l'écoute de leurs patientes! Et Bien sûr que la péri est un très bon outil. Pour mon premier, je l'ai mal vécue, mais je l'avais demandée, et je ne sais pas du tout comment j'aurais pu gérer 13h de travail sans. Ca aurait été compliqué je pense, surtout vu l'entourage disponible... Je pense que la durée du travail joue beaucoup (5h pour n°2 de la rupture de la poche des eaux à la sortie du bébé), et ça malheureusement on ne peut pas le prévoir à l'avance.

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  4. Je ne suis pas du tout dans le milieu médical mais cette explication de l'augmentation de l'espérance de vie des femmes par la gynécologie me semble un peu tirée par les cheveux. Les femmes de 80/90 ans aujourd'hui ont rarement vu un gynécologue de leur vie (sauf peu-être pour leur accouchement et encore...). On verra ce qui se passe quand le génération babyboom, tres suivie, atteindra cet age (ou pas...)

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  5. Rhaaaaa mais comme il fait du bien ce billet !!!

    (future ESF)

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  6. Merci pour ce billet qui résume le combat des SF!

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  7. Suis sf, la ou je travail il y a une maison de naissance (95), celle ci est au 4eme etage d une mater de 4500 acct de niveau 3... un beau melange de physiologie et de securité a mon sens... les sf sont surbookées et refusent faute de place des femmes pourtant ac des grossesses physio. tt se passent pour le mieux. Merci aussi au chef de service de se battre pour ce progrès. Et merci a ses 2 sf qui se battent aussi parce que je peux vous dire qu elle etait attendu au tournant et qu au moindre pb (tres attendu par tt ceux qui ne croient pas en ce projet), ce reve coulait...

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    1. Je pense savoir de quelle structure vous parlez. Effectivement pour moi c'est un très bon compromis. J'aimerais avoir accès à ce type de structure qui malheureusement n'existe pas dans ma région.

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  8. Merci pour ce billet! ça fait du bien de ne pas se sentir seule à partager ta vision des chose.J'ai également écrit un billet sur le sujet que l'on peut lire sur
    http://urls.fr/hh5.
    Sage-femme on the web

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  9. Brava! Marre de se faire traiter de folles (dixit 'celle-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom') quand tout ce qu'on veut c'est une liberté que l'on ne nie à personne.
    A la santé de votre 3ème! Qu'il ait la chance de naître dans une maison de naissance.
    Marianne Une maman du CALM à Paris

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  10. Merci pour ce doux billet qui soutient notre combat en tant que (sage)-femme pour les femmes!

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  11. Beau billet !

    Effectivement comme vous le faites remarquer la lecture du "Choeur des femmes" devrait faire partie du cursus de médecine et de maïeutique.

    Nous sommes coincé entre deux visions de la grossesse et de l'accouchement : on voudrait médicaliser le moins, tout exigeant une prise de risque minimale. Et c'est là, à mon avis (et il n'engage que moi), que la schizophrénie s'installe : c'est la trouille de l'accident qui fait surmédicaliser les accouchements. Pas la trouille des (futures) mamans, la trouille des soignants. Parce que si la maman à peur et veux surmédicaliser son accouchement, finalement, c'est son droit. Si ça la rassure.

    C'est comme le dépistage T21. Après tout, si elle veulent pas, c'est elles qui vont accoucher et élever l'enfant, ça nous regarde pas.

    On passe nos études à nous faire rentrer dans le crâne qu'on va sauver des vies grâce à toutes ces merveilleuses inventions de la science moderne. Mais comme le disait un billet précédent, il arrive parfois... et la fin arrive quelquefois plus vite que prévu.
    Et ça, nous soignants modernes biberonnés à l'interventionisme tout puissant, on a du mal à l'admettre. Moi en tous cas, je me rends bien compte qu'il faut que je me fasse violence pour lacher prise.

    A l'arrivée, j'ai quand même l'impression qu'il s'agit plus d'un problème de personnes que de structure, mais je peux me tromper. Pourquoi je dis ça ? Parce que 9 mois de gynéco dans un hôpital-au-soleil, j'ai pu voir qu'il y avait clairement deux types de prise en charge en fonction des SF et des gynéco.
    Et que c'était l'investissement personnel et la capacité à absorber le stress de l'équipe (avec la conviction de la nécessité de ne pas être iatrogène et de valoriser l'allaitement maternel) qui faisait la différence.

    Alors oui aux MDN. Mais surtout à l'accompagnement. Parce qu'au final, ce qui est le plus difficile, c'est d'accoucher seul... alors qu'il y a 6 personnes dans la pièce.

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    1. Tout à fait. Moi je me suis sentie seule (mais il n'y avait vraiment personne dans la pièce...)
      Mais il est tout à fait possible de réaliser un accompagnement de qualité en structure traditionnel. Le tout est d'en avoir les moyens, et de s'en donner la peine. Pleins de SF ET Gynécos le font tous les jours.

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  12. Bémol concernant le frottis systématique des 18 ans... Si je n avais pas été dépistée à l époque des les premiers rapports, on aurait sûrement du m enlever un bout de col quelques années plus tard... Heureusement j ai été correctement soignée de mon papillomavirus... ( jamais revenu depuis)

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    1. Non, pas de bémol. Vraiment. Et sans traitement votre papilloma aurait probablement spontanément disparu. Je vous mets les références plus bas si cela vous intéresse. Bonne lecture !

      Après 4 ans de vie sexuelle 70 % des jeunes femmes ont eu un papilloma (COLLINS S. et al. BJOG 2002 ; 109 : 96-98). Parce qu'il n'est pas complètement arrêté par le préservatif, et qu'il se trouve sur la peau. 70 % des femmes guérissent spontanément à 1 an, 70 à 90 % à 2 ans, et 90 % guérissent spontanément à 3 ans. (Ho 1998; Franco 1999; Giuliano 2002).
      Le cancer du col utérin est rarissime avant 25 ans (56 cas soit 2,5 % des cancers du col utérin en 2006 en Grande-Bretagne, d'après WISE BMJ 2009). Cette même étude montre que le 1/3 des frottis sont anormaux avant 25 ans, versus 1/14 après 25 ans et qu'il existe beaucoup de faux positifs entre 20 et 25 ans. Soit une prise en charge médicale d'un problème qui n'existe pas en réalité.
      Sasieni (BMJ 2009) montre que le dépistage du cancer du col utérin par frottis chez les femmes âgées de 22 à 24 ans, ne diminuera pas significativement l'incidence du cancer du col entre 25 et 29 ans.
      Et pour finir : Moscicki et al. (Obstet Gyn 2008) montre que sur 622 cas de frottis anormaux chez des patientes âgées de 13 à 24 ans, le diagnostic final était selon la répartition suivante : CN I (153 cas, soit 24,5 % des FCU anormaux) ; CIN II (722 cas, soit 12,7 % des cas) ; CIN III (39 cas, soit 6,3 % des FCU anormaux) - aucun cas de cancer du col utérin.

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  13. Un lien que j'ai oublié : les taux de cancers du col et les intervalles de dépistages européens : moins de mortes par cancer du col en Finlande, avec un intervalle de 5 ans par exemple !
    European Cervical Cancer Association, http://www.ecca.info/en/cervical-cancer-prevention.html
    En anglais, mais trés utile et des informations scientifiques solides.

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  14. Merci pour ces infos... Je ne savais pas cela n étant pas du métier.. On nous répète attention aux papillomavirus, cancer, vaccin chez les jeunes femmes... J étais persuadée qu il fallait traiter sinon cancer... Cela ne m empêchera pas de continuer les frottis annuels... J ai 28 ans et je préfère prévenir.

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    1. Aucun problème ;)
      Ensuite, comme je le fais remarquer plus haut, c'est l'expérience personnelle de chacun qui rentre en jeu dans le ressenti et qui va influer sur son recours au soin. Et nous soignants ne sommes pas mieux lotis que les autres, voire moins quelquefois.
      Alors si un frottis annuel vous rassure et que vous vous sentez plus sereine comme ça, et bien... pourquoi pas ?

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    2. Voilà, vous avez fait l'expérience du surdiagnostic et du surtraitement...

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  15. Bonjour,

    Je suis un homme, et pourtant, qu'est-ce que ça fait du bien de lire ça ! ;-)
    Nous habitons la région nantaise, où il y a une maison des naissances (Jules Verne pour ne pas la nommer). Pour la première grossesse, ça a étonné pas mal de monde quand nous avons annoncé que nous souhaitions un accouchement le moins médicalisé possible. Beaucoup ne sont rassurés que par une prise en charge médicale de l'accouchement. C'est tout le contraire de mon épouse qui, ayant été très malade petite et ayant donc beaucoup fréquenté le corps médical, fuit tout ce petit monde...
    Le premier accouchement s'est très bien passé. Arrivée à la mater à 2cm, bain chaud bouillonnant jusqu'à 7 cm, après il faut y aller. Une dernière peur de la douleur nous fait choisir la péridurale. Naissance d'une magnifique petite fille grâce aux SF, pas vu l'ombre d'un médecin. :)
    Seconde grossesse plus compliquée : FIV dans une autre clinique nantaise, mais accouchement à la maison des naissances tout de même, pour les mêmes raisons que la première fois. Accouchement beaucoup plus médicalisé que prévu puisque déclenchement artificiel à cause du diabète. Donc pas de bain, perfusion, déplacements limités... Moins sympa déjà. Mais accouchement normal quand même jusqu'au bout (enfin, à part la péridurale), avec la SF et la nounou, sans intervention du médecin. Ce n'est que lorsque l'hémorragie a été détectée qu'un chirurgien est intervenu (et là ça c'est bien compliqué).
    Il faut bien voir que les maisons des naissances ne sont pas des lieux de rassemblements hipies où les femmes vont venir accoucher "naturellement", sans aide et sans assistance médicale. Ce sont juste des lieux plus "humains" que les gros CHU où l'on respecte les choix des femmes (et des hommes). Si quelque-chose se passe mal, les médecins interviendront de toute façon, comme dans n'importe quel autre dispositif hospitalier.
    Si il fallait signer pour l'ouverture d'autres maisons des naissances, je le ferais volontiers. Nous ne demandons pas qu'elles soient généralisées ou que ce mode de fonctionnement soit imposé, certaines personnes seront toujours rassurées par un suivi médical plus présent. Nous demandons juste d'avoir le choix, de pouvoir choisir librement la façon dont le suivi et l'accouchement se feront (dans l'idéal, puisqu'il y a toujours des imprévus).

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  16. Bonjour ! Je lis votre billet dans la revue online de La Leche Ligue Belgique. Mon histoire est la vôtre ... mais avec deux enfants d'avance, et en Belgique. Nos deux premiers sont nés avec le pack induction-péri-épisio à l'hosto. Puis après 6 ans de "mûrissement", notre troisième est né à la maison (un plaisir indescriptible) et notre 4ème est née en plateau technique (car RPE > 18h), avec notre sage-femme, sans péri, dans la position que je voulais. La vie est un cheminement, celui des femmes (et des hommes aussi) concernant la mise au monde mais aussi l'accueil que nous réservons à nos enfants est encore long, mais on progresse grâce à des "coups de gueules" comme le vôtre. Merci. Marie-Hélène

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    1. Eh bien je suis bien contente d'apprendre que mon billet est dans la revue online de la Leche Ligue Belgique... On en apprend tous les jours! ;-)
      Merci pour votre commentaire, j'espère dans quelques années pouvoir raconter un chemin comme le vôtre.

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  17. Je découvre ton blog par ce billet, et oui, j'adhère il n' y a pas une mais des milliers d'attentes et de prises en charges possibles, et la position des soignants est justement de le transmettre, ce choix. Bravo et bien dit!

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