Voilà deux semaines maintenant que le MiniMarmot a pointé son nez. Plusieurs personnes m'ont demandé de raconter l'expérience de cette naissance et de cet accompagnement un peu "atypique" que nous avions choisi avec mon mari.
Après avoir un peu atterri mais avant d'oublier les petits détails, je vais essayer de me lancer.
Pour ceux qui n'ont pas suivi, ma grossesse a donc été suivie par une sage-femme libérale qui pratique les accouchements sur le site de l'hôpital d'Annecy. Elle a donc tout assuré de A à Z, du retrait du DIU au suivi post-natal (sauf les échos). Et bien assuré.
Un suivi sur mesure, juste comme nous le souhaitions. Pas de tests inutiles, pas d'examens invasifs (premier TV à 8 mois...). Et pourtant au moins 45min à chaque rendez-vous de suivi.
Au fil des mois une relation de confiance s'est instaurée, une proximité que je n'ai jamais avant expérimenté ni en tant que patiente, ni en tant que professionnelle de santé. Le tutoiement qui vient naturellement, la bise en arrivant en consult (chose que jamais au grand jamais je n'envisagerais avec mes patients, sauf pour quelqu'un que je connaîtrais par ailleurs). Mais là, ça semble naturel.
Arrivés à 8 mois 1/2, un bébé qui s'annonce plutôt grassouillet, on se dit que ça serait bien qu'il arrive un peu en avance, comme ses frères. MagicSF s'inquiète un peu, se demande si ça va bien passer. Elle aimerait avoir l'avis d'un obstétricien sur la faisabilité de l'accouchement en plateau technique.
Hum. S'ensuit l'épisode déplorable du rendez-vous fantôme à l'hôpital (pour ceux qui me suivent sur Twitter vous avez eu les détails en live... Pour les autres disons que mon mari et moi avons passé 3h à hanter les couloirs de l'hôpital pour au final ne voir personne.) Bref. Passons. Sur exposé de mon dossier le lendemain les pontes de l'obstétrique ont dit que oui on pouvait essayer l'accouchement physio et qu'on verrait bien sur place si ça bloquait. Ouf.
Nous décidons donc avec MagicSF de donner un petit coup de pouce à la nature, en faisant un décollement des membranes (j'étais à 39SA passées), histoire d'accélérer un peu les choses. Pour mes 2 premiers on m'en avait aussi fait un, mais sans m'en avertir... Cette fois c'est moi qui l'ai demandé.
Le soir de ce rendez-vous, joueurs que nous sommes, M.Kalee et moi décidons de sortir au restaurant (bien nous en a pris car ce sera probablement le dernier avant un petit moment...)
A 1h du matin la nuit suivante, rupture de la poche des eaux (nous avons raté un repas gratos au resto à 2h près...).
En à peine 15-20 min les contractions démarrent, d'emblée assez fortes et rapprochées. M.Kalee appelle donc MagicSF qui arrive à la maison à 2h. Le lit est inondé... Après m'avoir examinée, elle déclare "allez hop on lève le camp tu es à 7cm..." Wokay. Je sens que ça va pas traîner cette affaire.
Hop direction la voiture, la maternité. Je salue là la prévoyance de M.Kalee qui avait tout bien préparé les affaires alors que je me disais qu'on aurait bien le temps de fignoler pendant le début du travail (ah ben oui mais non en fait.)
Arrivés à la mater, j'ai fait mon marathon à moi, à savoir marcher depuis le parking jusqu'à la salle de travail qui nous était destinée (la dernière tout au fond du couloir bien sûr), avec des contractions qui s'enchaînaient quasi bout à bout. J'ai cru jamais arriver au bout.
Installation en salle, je me juche sur la table d'accouchement, mais à quatre pattes. (So sexy...)
J'ai chaud, mais tellement trop chaud... Je suis en sueur. M. Kalee tente de me masser le dos mais l'huile de massage chauffe encore plus. Fail... Du coup il me mouille avec un gant, mais comme le robinet de la salle ne donne que de l'eau chaude (narmol!!), il souffle sur moi pour faire du frais...
Pendant ce temps-là j'encaisse les contractions quasi ininterrompues, à ce stade j'arrive encore à vocaliser comme on a appris en prépa. Mais la position me fatigue, je commence à avoir les jambes qui tremblent, il va falloir trouver une autre solution car je ne tiendrai pas comme ça jusqu'au bout.
Du coup on se reconvertit, je passe en position "à l'anglaise", c'est-à-dire couchée sur le côté. C'est plus confortable, sauf pour M.Kalee qui du coup est assigné à la tâche de me tenir la jambe supérieure... Pauvre de lui.
Pas de perf, pas de monito qui me serre le bide en permanence. MagicSF est là pour écouter le coeur foetal de temps en temps. Et pour m'encourager. Elle reste avec nous, en permanence.
J'ai la bouche sèche, M.Kalee m'apporte un verre d'eau, mais je n'aurais jamais le temps d'y goûter, car c'est à ce moment-là que commence la phase d'expulsion. Là j'abandonne les vocalises et ce qui me reste de self-control pour me mettre à hurler à pleins poumons. Tu ne sais pas combien de décibels tu es capable de produire jusqu'au jour où tu accouches sans péri. Festival de sensations si intenses qu'on s'y perd. Heureusement que ça n'a pas duré trop longtemps...
Bref, après quelques dizaines de minutes de cris de putois, MiniMarmot est sorti (sans problème donc nonobstant son poids respectable de 4,100kg...).
Aucun objet contondant ne s'est approché de mon périnée, enfin, avant l'expulsion car malheureusement grâce à mes 2 cicatrices d'épisio antérieures ça s'est quand même déchiré donc j'ai malgré tout eu droit à la joie de la suture...
Finalement je crois que c'est cette douleur-là, celle du périnée, plus que celle des contractions qui me restera en mémoire.
Une fois le marmot enfin sur mon ventre, je ressens le contrecoup de ces 2h30 de travail intense, je tremble comme une feuille pendant une bonne heure, et j'ai toujours aussi chaud. Il faudra un bon bout de temps avant que mon organisme ne se calme.
Après avoir bien câliné le marmot, je reprends quelques forces avec des fruits secs et du thé au citron (la meilleure boisson fraîche de toute ma vie je crois.)
Trois heures plus tard, après délivrance, suture, examen du marmot et beaucoup de paperasse, à 6h30 du matin, nous rentrons chez nous. Rentrer chez soi tranquille à l'aube avec un marmot tout neuf de 3h, c'est priceless.
La suite a été un peu moins fun, avec un démarrage d'allaitement très très compliqué, malgré toutes les connaissances que je pense avoir à ce sujet. Heureusement qu'il y avait la visite quotidienne de MagicSF, bientôt relayée au pied levé par son associée pour cause d'arrêt maladie.
J'ai été sur le point de tout abandonner, et franchement sans leur soutien je pense que ça aurait été le cas.
Aujourd'hui on a fait le plus dur, et même si MiniMarmot n'a pas encore récupéré son poids de naissance, les choses sont bien en route et il n'y a plus de raison que ça ne marche pas.
Bref, j'ai pu vivre ma grossesse et mon accouchement comme je le souhaitais, accompagnée par une sage-femme que je connaissais, qui me connaissait, en qui j'avais confiance. Je n'ai pas retrouvé le sentiment de solitude extrême que j'avais pu ressentir lors de mes 2 premiers accouchements.
J'ai pu bénéficier d'un soutien rapproché pour mener à bien mon allaitement comme je le souhaitais malgré les difficultés.
Je n'envisage pas à ce jour d'avoir d'autre enfant, mais si c'était à refaire je referais les mêmes choix sans hésiter.
Je pense que ce type de prise en charge ne convient pas forcément à tout le monde, mais pour moi c'était l'idéal.
Je dédie ce billet à Céline et Marion grâce à qui ce projet a pu être mené à bien, avec des milliers de merci.
Edit du 12/09/2014:
Il semblerait que cet article a pris une vie autonome et voyagé sur FaceBook (que je ne fréquente pas, donc je n'ai eu que des éléments rapportés). D'aucunes se seraient insurgées du fait qu'on m'ait fait subir une suture du périnée à vif... Cela est totalement faux, je n'ai jamais écrit ça. Lorsque je parle de la douleur du périnée qui m'a plus marquée que celle des contractions, je parle de la douleur ressentie lors de l'expulsion causée par l'extension des tissus, sur ma cicatrice d'épisio. ÉVIDEMMENT que Céline m'a fait une anesthésie locale avant de recoudre, on est pas des sauvages!
Quant à celles qui râlent que le décollement des membranes, CAY PAS PHYSIO, je les emmerde courtoisement. C'est moi qui l'ai demandé, et je préfère avoir pu accoucher physiologiquement à 39SA après décollement, de mon fils de 4.1kg, que d'avoir attendu 15j de plus et que ça se soit terminé en déclenchement voire en césarienne pour cause de bébé trop gros (je signale juste que je mesure 1m55 donc bon, faut pas non plus tenter le diable...).
Bref, personnellement je me fous royalement de l'avis des ayatollah de la "Naissance respectée", mais certains commentaires ont touché personnellement ma sage-femme et ça me met en colère car ce texte avait pour but de la remercier et non de l'exposer à la critique gratuite.
Voilà qui est dit.
Deux jeunes médecins généralistes vous font partager leurs réflexions, leurs avis, leurs coups de cœur ou coups de gueule, et leur cheminement vers la création d'une Maison de Santé Pluriprofessionnelle.
samedi 6 septembre 2014
vendredi 4 juillet 2014
Des nouvelles de la MSP
Ça fait longtemps qu'on a pas causé du projet de MSP (projet qui pourtant était la caution de départ de ce blog...). Le projet est pourtant toujours bien en cours, même si le travail s'annonce long et compliqué!
L'équipe médicale et paramédicale s'étoffe doucement, nous avons recruté un 3e généraliste pour s'associer avec nous \0/! Un homme en plus, c'est chouette parce que pour le moment l'équipe est à plus de 80% féminine... On avait juste UN podologue et UN kiné... Tout le reste, que des meufs! Et tout le monde sait que les équipes de meufs ça finit toujours par se crêper le chignon! Non je blague... En tout cas je suis vraiment ravie de la diversité de professionnels que nous avons pu réunir, avec notamment des professions relativement rares type orthoptiste ou ergothérapeuthe.
Le projet était resté quelque temps en stand-by le temps des élections municipales car bien sûr on ne savait pas trop sur qui on allait tomber vu que le maire actuel avait peu de chance de repasser. Au final la nouvelle équipe semble plus motivée que l'ancienne, et nous avons découvert en fréquentant quelque peu les réunions électorales que l'ancien maire nous avait un peu mené en bateau, et surtout avait travaillé tout seul dans son coin sans trop tenir au courant son conseil municipal...
Bref, nous sommes maintenant prêt(e)s à repartir sur de bonnes bases, nous avons fait un peu plus de communication pour nous faire connaître.
Actuellement nous commençons à travailler sur l'écriture du projet de soin que nous devrons présenter à l'ARS dans quelques mois.
Ivre, je me suis porté volontaire pour rédiger le "diagnostic de territoire", c'est à dire récolter auprès de chaque professionnel des données sur l'offre actuelle existante dans son domaine sur le secteur, et les besoins réels ou projetés dans le futur, et comment nous comptons y répondre (enfin au moins en partie...). En gros expliquer à l'ARS pourquoi y a trop besoin de nous par ici et que ça serait une super bonne idée de nous filer des pépètes!
La prochaine réunion pour laquelle je dois rendre le rapport est début septembre (sachant que je suis à terme le 5 septembre...), j'espère donc que mes chers collègues n'oublieront pas de me faire parvenir leur données assez rapidement pour que je puisse y travailler fin juillet début août, parce que je pense que pendant le travail et une fois le nouveau-né pendu au sein je serai beaucoup moins motivée!
On travaille aussi parallèlement sur le projet immobilier, avec encore changement de terrain probable (l'histoire sans fin...). Et qui l'eut cru, c'est assez compliqué de satisfaire les critères de tout le monde sans que ça soit trop cher... Et en plus de régler le problème du parking, parce que non on n'a pas envie tous les 15 de tourner 10min tous les matins pour trouver une place de parking dans GrosBourg...
Sinon, du côté des médecins, nous prévoyons de nous installer avant, mes 2 comparses à la Toussaint, moi début 2015 à la fin de mon congé mat. Tout le monde (ie les infirmières, le labo, la pharmacie) nous répètent à qui mieux mieux que vivement qu'on arrive parce que ça manque de médecin ++++, au point qu'ils en arrivent tous à me faire un peu peur... Combien de temps avant que nous soyons nous aussi débordés?
Enfin, avant d'en arriver là il faudra d'abord qu'on trouve un local pour s'installer, ce qui n'est pas une mince affaire à GrosBourg où la pression foncière est énorme... On a visité UN local pour l'instant, ancien commerce pour lequel il aurait fallu réaménager tout l'intérieur, pour un investissement démesuré par rapport au temps qu'on pense y rester (environ 3 ans)... Donc, pas jouable. Et pour l'instant, ben, rien d'autre en vue... Je sens que ça va se finir dans un Algeco... En plus on a pas de bol la mairie vient tout juste de trouver et rénover un local pour la sage-femme et l'orthoptiste, du coup ya plus rien pour nous...
J'espère que ça va se débloquer.
Bref bref, je sais que ce soir tout le monde est occupé à autre chose qu'à lire des blogs, mais tant pis, voilà les dernières nouvelles de la future MSP.
Bisous.
L'équipe médicale et paramédicale s'étoffe doucement, nous avons recruté un 3e généraliste pour s'associer avec nous \0/! Un homme en plus, c'est chouette parce que pour le moment l'équipe est à plus de 80% féminine... On avait juste UN podologue et UN kiné... Tout le reste, que des meufs! Et tout le monde sait que les équipes de meufs ça finit toujours par se crêper le chignon! Non je blague... En tout cas je suis vraiment ravie de la diversité de professionnels que nous avons pu réunir, avec notamment des professions relativement rares type orthoptiste ou ergothérapeuthe.
Le projet était resté quelque temps en stand-by le temps des élections municipales car bien sûr on ne savait pas trop sur qui on allait tomber vu que le maire actuel avait peu de chance de repasser. Au final la nouvelle équipe semble plus motivée que l'ancienne, et nous avons découvert en fréquentant quelque peu les réunions électorales que l'ancien maire nous avait un peu mené en bateau, et surtout avait travaillé tout seul dans son coin sans trop tenir au courant son conseil municipal...
Bref, nous sommes maintenant prêt(e)s à repartir sur de bonnes bases, nous avons fait un peu plus de communication pour nous faire connaître.
Actuellement nous commençons à travailler sur l'écriture du projet de soin que nous devrons présenter à l'ARS dans quelques mois.
Ivre, je me suis porté volontaire pour rédiger le "diagnostic de territoire", c'est à dire récolter auprès de chaque professionnel des données sur l'offre actuelle existante dans son domaine sur le secteur, et les besoins réels ou projetés dans le futur, et comment nous comptons y répondre (enfin au moins en partie...). En gros expliquer à l'ARS pourquoi y a trop besoin de nous par ici et que ça serait une super bonne idée de nous filer des pépètes!
La prochaine réunion pour laquelle je dois rendre le rapport est début septembre (sachant que je suis à terme le 5 septembre...), j'espère donc que mes chers collègues n'oublieront pas de me faire parvenir leur données assez rapidement pour que je puisse y travailler fin juillet début août, parce que je pense que pendant le travail et une fois le nouveau-né pendu au sein je serai beaucoup moins motivée!
On travaille aussi parallèlement sur le projet immobilier, avec encore changement de terrain probable (l'histoire sans fin...). Et qui l'eut cru, c'est assez compliqué de satisfaire les critères de tout le monde sans que ça soit trop cher... Et en plus de régler le problème du parking, parce que non on n'a pas envie tous les 15 de tourner 10min tous les matins pour trouver une place de parking dans GrosBourg...
Sinon, du côté des médecins, nous prévoyons de nous installer avant, mes 2 comparses à la Toussaint, moi début 2015 à la fin de mon congé mat. Tout le monde (ie les infirmières, le labo, la pharmacie) nous répètent à qui mieux mieux que vivement qu'on arrive parce que ça manque de médecin ++++, au point qu'ils en arrivent tous à me faire un peu peur... Combien de temps avant que nous soyons nous aussi débordés?
Enfin, avant d'en arriver là il faudra d'abord qu'on trouve un local pour s'installer, ce qui n'est pas une mince affaire à GrosBourg où la pression foncière est énorme... On a visité UN local pour l'instant, ancien commerce pour lequel il aurait fallu réaménager tout l'intérieur, pour un investissement démesuré par rapport au temps qu'on pense y rester (environ 3 ans)... Donc, pas jouable. Et pour l'instant, ben, rien d'autre en vue... Je sens que ça va se finir dans un Algeco... En plus on a pas de bol la mairie vient tout juste de trouver et rénover un local pour la sage-femme et l'orthoptiste, du coup ya plus rien pour nous...
J'espère que ça va se débloquer.
Bref bref, je sais que ce soir tout le monde est occupé à autre chose qu'à lire des blogs, mais tant pis, voilà les dernières nouvelles de la future MSP.
Bisous.
jeudi 1 mai 2014
Bouffée de schizophrénie parentale
Voilà, les marmots sont partis pour une semaine de vacances chez leurs grands-parents. Depuis quelques jours j'attendais cet instant avec impatience, fatiguée par l'agitation permanente et les concerts de hurlements.
Ça y est, je suis seule (en attendant le retour de M. Kalee), la maison est vide, calme et silencieuse. Je suis soulagée. Oui, mais j'ai le blues. Je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts. A quoi est-ce que j'occupais mes journées, avant? Avant qu'ils ne viennent prendre toute la place...
Je me suis couchée pour faire une sieste, je n'ai pas réussi à m'endormir avant d'avoir reçu le SMS de Belle-maman pour me dire qu'ils étaient bien arrivés.
Ils ont été épuisants ces derniers temps... Ils ne tiennent jamais en place. Ça court, ça tombe, ça crie, ça pleure, ça se chamaille, ça glousse, et puis ça hurle encore un peu.
Samedi dernier, j'ai pété un plomb, alors qu'ils se disputaient pour la énième fois pour la même pièce de puzzle. J'ai hurlé mon énervement comme je crois n'avoir jamais hurlé. J'ai eu vraiment, très très envie de les frapper. A la place j'ai balancé le puzzle par terre, et j'ai renversé une chaise. Je sais parfaitement que c'est ridicule, et que c'était une réaction totalement inadaptée. Je me suis laissée déborder par mes émotions, rien que d'y repenser mes larmes coulent. J'ai été cette mère que je déteste être. Parce que je sais que ce n'est pas celle dont ils ont besoin. Que ce genre de réaction fait du mal à tout le monde. A eux parce qu'ils ont eu peur, et qu'ils avaient besoin d'être contenus, à moi parce que je m'en veux terriblement après, et même pendant.
Pris chacun séparément ils sont mignons, gentils, calmes. Mais dès qu'ils sont ensemble c'est le tsunami, l'agitation permanente, qu'elle soit positive ou négative. Pour moi qui suis une personnalité calme et posée, j'avoue, c'est très dur à gérer.
Et bientôt ils seront trois. On m'a dit plusieurs fois "ça va peut-être se calmer avec l'arrivée du troisième"... Hum, j'en doute plus que fortement, je crains même plutôt l'inverse.
Pour me convaincre que ça irait, je m'étais construit un petit film selon lequel le troisième serait une fille, douce et tranquille, pas bruyante, la même enfant que j'étais moi-même aux dires de mes parents, qui n'ajouterait donc pas sa part à la folie ambiante.
Donc lorsque j'ai appris il y a 2 jours que non, ça serait encore un garçon, j'avoue, ça a été dur. Déjà à long terme parce que je ne prévois pas d'avoir d'autre enfant après, ce qui veut dire renoncer à jamais être maman d'une petite fille, chose qui me tenait à coeur. Et puis à court terme parce qu'il va falloir arriver à gérer trois fous du roi sans devenir complètement marteau...
Je sais que ces projections sont un peu stupides, parce que je sais très bien que fille ne veut pas forcément dire enfant calme et facile, j'en ai des exemples quotidiens autour de moi. Les filles hurlent et pleurnichent aussi bien que les garçons. Et tous les garçons ne sont pas des tornades comme ces deux-là, je ne peux pas savoir quel sera le caractère de celui-ci. Peut-être sera-t-il calme et facile... On peut toujours espérer.
Oui j'ai un peu peur des mois et années à venir... Quand PetitMarmot est venu s'incruster dans notre lit ce matin à 6h40 après s'être endormi à 23h passées, je me suis imaginé la même scène après une nuit de tétées et de berçage d'un nouveau-né. Le manque de sommeil me nuit très rapidement, c'est une de mes plus grandes craintes.
Quand les deux galopent dans la baraque en hurlant je me demande comment diable un nourrisson arrivera à faire la sieste dans ce brouhaha. On m'a dit que ça n'était pas un problème, je l'espère de tout coeur...
Quand je m'imagine les week-ends d'absence de M.Kalee et que je me vois en train de gérer les trois seule, j'ai peur. C'est déjà dur avec deux...
Allez soyons fous, imaginons qu'on va y arriver, que ça ne sera pas si terrible que ça. Après tout, on les a voulu ces marmots, on les aime, si fort, et ils nous aiment.
Oui ils nous feront tourner en bourrique, oui on sera fatigué, oui il y aura des crises. On essaiera de faire de notre mieux pour qu'il y en ait le moins possible (vite, ressortons les bouquins de Filliozat).
On ne retiendra que les bons moments, les éclats de rire, les bouquets de fleurs coupées trop court, les câlins, les "Maman t'es belle".
Ce matin, alors que je venais de le gronder, PetitMarmot est allé chercher son frère pour lui demander un câlin de réconfort. Ça m'a scotchée. Je me suis dit, quand même, malgré toutes les disputes, ils ont quelque chose entre eux, qui n'appartient qu'à eux. J'espère qu'ils auront la même complicité avec le petit troisième. Même si ça doit augmenter le niveau sonore d'un cran supplémentaire.
On continuera à attendre avec impatience les périodes de vacances chez les grands-parents, et à être tout désemparé quand ils ne sont pas là. Ils nous manqueront au bout de 3 heures, alors qu'on a eu envie de les perdre dans la forêt 3 heures avant.
On les aimera de tout notre coeur, tout en ayant envie régulièrement de les enfermer au fond de la cave.
La parentalité, cet état si proche de la schizophrénie...
Ça y est, je suis seule (en attendant le retour de M. Kalee), la maison est vide, calme et silencieuse. Je suis soulagée. Oui, mais j'ai le blues. Je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts. A quoi est-ce que j'occupais mes journées, avant? Avant qu'ils ne viennent prendre toute la place...
Je me suis couchée pour faire une sieste, je n'ai pas réussi à m'endormir avant d'avoir reçu le SMS de Belle-maman pour me dire qu'ils étaient bien arrivés.
Ils ont été épuisants ces derniers temps... Ils ne tiennent jamais en place. Ça court, ça tombe, ça crie, ça pleure, ça se chamaille, ça glousse, et puis ça hurle encore un peu.
Samedi dernier, j'ai pété un plomb, alors qu'ils se disputaient pour la énième fois pour la même pièce de puzzle. J'ai hurlé mon énervement comme je crois n'avoir jamais hurlé. J'ai eu vraiment, très très envie de les frapper. A la place j'ai balancé le puzzle par terre, et j'ai renversé une chaise. Je sais parfaitement que c'est ridicule, et que c'était une réaction totalement inadaptée. Je me suis laissée déborder par mes émotions, rien que d'y repenser mes larmes coulent. J'ai été cette mère que je déteste être. Parce que je sais que ce n'est pas celle dont ils ont besoin. Que ce genre de réaction fait du mal à tout le monde. A eux parce qu'ils ont eu peur, et qu'ils avaient besoin d'être contenus, à moi parce que je m'en veux terriblement après, et même pendant.
Pris chacun séparément ils sont mignons, gentils, calmes. Mais dès qu'ils sont ensemble c'est le tsunami, l'agitation permanente, qu'elle soit positive ou négative. Pour moi qui suis une personnalité calme et posée, j'avoue, c'est très dur à gérer.
Et bientôt ils seront trois. On m'a dit plusieurs fois "ça va peut-être se calmer avec l'arrivée du troisième"... Hum, j'en doute plus que fortement, je crains même plutôt l'inverse.
Pour me convaincre que ça irait, je m'étais construit un petit film selon lequel le troisième serait une fille, douce et tranquille, pas bruyante, la même enfant que j'étais moi-même aux dires de mes parents, qui n'ajouterait donc pas sa part à la folie ambiante.
Donc lorsque j'ai appris il y a 2 jours que non, ça serait encore un garçon, j'avoue, ça a été dur. Déjà à long terme parce que je ne prévois pas d'avoir d'autre enfant après, ce qui veut dire renoncer à jamais être maman d'une petite fille, chose qui me tenait à coeur. Et puis à court terme parce qu'il va falloir arriver à gérer trois fous du roi sans devenir complètement marteau...
Je sais que ces projections sont un peu stupides, parce que je sais très bien que fille ne veut pas forcément dire enfant calme et facile, j'en ai des exemples quotidiens autour de moi. Les filles hurlent et pleurnichent aussi bien que les garçons. Et tous les garçons ne sont pas des tornades comme ces deux-là, je ne peux pas savoir quel sera le caractère de celui-ci. Peut-être sera-t-il calme et facile... On peut toujours espérer.
Oui j'ai un peu peur des mois et années à venir... Quand PetitMarmot est venu s'incruster dans notre lit ce matin à 6h40 après s'être endormi à 23h passées, je me suis imaginé la même scène après une nuit de tétées et de berçage d'un nouveau-né. Le manque de sommeil me nuit très rapidement, c'est une de mes plus grandes craintes.
Quand les deux galopent dans la baraque en hurlant je me demande comment diable un nourrisson arrivera à faire la sieste dans ce brouhaha. On m'a dit que ça n'était pas un problème, je l'espère de tout coeur...
Quand je m'imagine les week-ends d'absence de M.Kalee et que je me vois en train de gérer les trois seule, j'ai peur. C'est déjà dur avec deux...
Allez soyons fous, imaginons qu'on va y arriver, que ça ne sera pas si terrible que ça. Après tout, on les a voulu ces marmots, on les aime, si fort, et ils nous aiment.
Oui ils nous feront tourner en bourrique, oui on sera fatigué, oui il y aura des crises. On essaiera de faire de notre mieux pour qu'il y en ait le moins possible (vite, ressortons les bouquins de Filliozat).
On ne retiendra que les bons moments, les éclats de rire, les bouquets de fleurs coupées trop court, les câlins, les "Maman t'es belle".
Ce matin, alors que je venais de le gronder, PetitMarmot est allé chercher son frère pour lui demander un câlin de réconfort. Ça m'a scotchée. Je me suis dit, quand même, malgré toutes les disputes, ils ont quelque chose entre eux, qui n'appartient qu'à eux. J'espère qu'ils auront la même complicité avec le petit troisième. Même si ça doit augmenter le niveau sonore d'un cran supplémentaire.
On continuera à attendre avec impatience les périodes de vacances chez les grands-parents, et à être tout désemparé quand ils ne sont pas là. Ils nous manqueront au bout de 3 heures, alors qu'on a eu envie de les perdre dans la forêt 3 heures avant.
On les aimera de tout notre coeur, tout en ayant envie régulièrement de les enfermer au fond de la cave.
La parentalité, cet état si proche de la schizophrénie...
lundi 27 janvier 2014
Médecins généralistes mercenaires, coup de gueule!!
Je ne prends pas souvent le temps d'écrire mes réflexions mais là c'en est trop!! Il faut que ça sorte.
Dans ma petite vie de médecin généraliste remplaçante il m'arrive de prendre des gardes de temps en temps sur les maisons médicales de garde dans mon secteur, enfin je dirais plutôt que je remplace des médecins qui sont sur une liste de garde.
Pour ceux qui ne savent pas, il y a en France un système de permanence des soins qui est organisé sur le territoire, et qui permet de désengorger les urgences et d'apporter une meilleure accessibilité aux soins.
Cette permanence se déroule souvent le soir de 20h à 22h et le week-end, le samedi de 12h à 20h voire 22h et le dimanche de 8h à 20h voire 22h (sur mon secteur je précise).
Dans certaines contrées reculées, cette permanence se déroule la nuit (loin des villes et des services d'urgences), on appelle ça "la nuit profonde" (j'ai toujours trouvé cette appellation mystique).
Les médecins généralistes ont une obligation de participer à cette permanence des soins, mais parfois il y en a qui n'en ont pas envie alors ils cherchent des remplaçants, et c'est là que j'arrive!!
Mais je ne suis pas toute seule dans la course, car oui c'est assez prisé les gardes quand on remplace.
Nous percevons pour les gardes une rétrocession de 100% de nos recettes, alors qu'en temps normal nous percevons plutôt 70 à 80% des recettes que nous effectuons auprès des médecins remplacés.
De plus une consultation en garde est bien mieux payée, ça va de 42,06€ à 70,50€ en fonction de l'heure et de l'âge du patient (les petits c'est plus cher), par rapport à une consultation standard à 23€, c'est donc plus rentable pour le même temps passé.
Donc oui j'avoue les gardes, c'est très honnêtement pour mieux remplir le porte-monnaie, et parfois on en a bien besoin.
J'étais donc de garde ce samedi dans une maison médicale de garde MMG de mon secteur, et comme j'aime bien papoter, j'ai commencé à discuter avec la secrétaire, sur l'activité de la MMG, sur les médecins qui venaient prendre les gardes, notamment les remplaçants, qui sont pour la plupart de jeunes médecins en début d'activité.
Je pensais naïvement que les jeunes remplaçants étaient un peu comme moi, disons soucieux de la qualité des soins qu'ils dispensent, de respecter le patient, d'être juste et mesuré dans les tarifs demandés aux patients.
Mais son récit m'a mis en colère, très en colère contre lui.
Il s'agit d'un jeune médecin remplaçant arrivé depuis peu de temps, mais souvent présent à la MMG.
Il gonfle le coût de ses consultations lorsqu'il fait une suture, il demande le double du prix que rembourse l'assurance maladie, en utilisant les lettres et codes incompréhensibles du système de cotation de nos actes, sans se soucier du remboursement du patient, se targuant d'être dans son bon droit.
Le patient lui ne sait pas, et il paie sans comprendre, il ne sera remboursé que de la moitié, et même si il s'en rend compte, c'est trop compliqué pour lui souvent de réclamer.
Mais il peut le faire, et si vous lisez ce billet, je vous encourage vous patients à diffuser vos bon droits pour ne pas vous faire spolier par ces Mercenaires!
Ça peut arriver de se tromper, de demander plus (moi ça m'est arrivé, et je ne me suis pas sentie fière, j'ai envoyé un chèque au patient, très gentil au passage en m'excusant platement avec une feuille de soin rectifiée), mais il faut reconnaître ses erreurs et surtout écouter ou rechercher les informations pour bien utiliser les outils de paiement.
Mais ça ce n'est rien.
Une femme le consulte pour une agression physique, elle vient se faire examiner, recevoir des soins, une écoute, des remèdes, mais ne souhaite pas de certificat de coup et blessure au moment de la consultation. Il fait la consultation, et lui demande le règlement.
Elle revient 2 heures plus tard car elle a changé d'avis, elle veut un certificat médical, car elle veut porter plainte, sa démarche n'est pas exceptionnelle, souvent les victimes d'agression ne veulent ou ne demandent pas initialement de certificat pour diverses raisons mais elles sont souvent choquées.
Nous médecins devons le leur proposer et le leur faire pour qu'elles n'aient pas à revenir pour cela si elles changeaient d'avis, elles peuvent bien sûr revenir pour recevoir une écoute, un soutien.
Lui, il l'a refait payer.
Et c'est là que je suis révoltée, coup double pour le Mercenaire!!
Non seulement il a profité de la fragilité de cette femme pour se remplir les poches, mais dites-vous bien qu'il nous a tous volé, car c'est le système de soin qu'il fraude (2 actes pour 1 consultation effectuée), c'est nous cotisants du système solidaire de soin (auquel je crois personnellement) qui payons ces consultations gonflées.
Des fraudeurs médecins il y en a, j'ai malheureusement pu en croiser et je les déteste.
Mais des Mercenaires je n'en avais jamais encore entendu parler.
Ne vous laissez pas faire je vous en conjure, vous avez des droits!!
A vous patients!
Dr Paragliding
Dans ma petite vie de médecin généraliste remplaçante il m'arrive de prendre des gardes de temps en temps sur les maisons médicales de garde dans mon secteur, enfin je dirais plutôt que je remplace des médecins qui sont sur une liste de garde.
Pour ceux qui ne savent pas, il y a en France un système de permanence des soins qui est organisé sur le territoire, et qui permet de désengorger les urgences et d'apporter une meilleure accessibilité aux soins.
Cette permanence se déroule souvent le soir de 20h à 22h et le week-end, le samedi de 12h à 20h voire 22h et le dimanche de 8h à 20h voire 22h (sur mon secteur je précise).
Dans certaines contrées reculées, cette permanence se déroule la nuit (loin des villes et des services d'urgences), on appelle ça "la nuit profonde" (j'ai toujours trouvé cette appellation mystique).
Les médecins généralistes ont une obligation de participer à cette permanence des soins, mais parfois il y en a qui n'en ont pas envie alors ils cherchent des remplaçants, et c'est là que j'arrive!!
Mais je ne suis pas toute seule dans la course, car oui c'est assez prisé les gardes quand on remplace.
Nous percevons pour les gardes une rétrocession de 100% de nos recettes, alors qu'en temps normal nous percevons plutôt 70 à 80% des recettes que nous effectuons auprès des médecins remplacés.
De plus une consultation en garde est bien mieux payée, ça va de 42,06€ à 70,50€ en fonction de l'heure et de l'âge du patient (les petits c'est plus cher), par rapport à une consultation standard à 23€, c'est donc plus rentable pour le même temps passé.
Donc oui j'avoue les gardes, c'est très honnêtement pour mieux remplir le porte-monnaie, et parfois on en a bien besoin.
J'étais donc de garde ce samedi dans une maison médicale de garde MMG de mon secteur, et comme j'aime bien papoter, j'ai commencé à discuter avec la secrétaire, sur l'activité de la MMG, sur les médecins qui venaient prendre les gardes, notamment les remplaçants, qui sont pour la plupart de jeunes médecins en début d'activité.
Je pensais naïvement que les jeunes remplaçants étaient un peu comme moi, disons soucieux de la qualité des soins qu'ils dispensent, de respecter le patient, d'être juste et mesuré dans les tarifs demandés aux patients.
Mais son récit m'a mis en colère, très en colère contre lui.
Il s'agit d'un jeune médecin remplaçant arrivé depuis peu de temps, mais souvent présent à la MMG.
Il gonfle le coût de ses consultations lorsqu'il fait une suture, il demande le double du prix que rembourse l'assurance maladie, en utilisant les lettres et codes incompréhensibles du système de cotation de nos actes, sans se soucier du remboursement du patient, se targuant d'être dans son bon droit.
Le patient lui ne sait pas, et il paie sans comprendre, il ne sera remboursé que de la moitié, et même si il s'en rend compte, c'est trop compliqué pour lui souvent de réclamer.
Mais il peut le faire, et si vous lisez ce billet, je vous encourage vous patients à diffuser vos bon droits pour ne pas vous faire spolier par ces Mercenaires!
Ça peut arriver de se tromper, de demander plus (moi ça m'est arrivé, et je ne me suis pas sentie fière, j'ai envoyé un chèque au patient, très gentil au passage en m'excusant platement avec une feuille de soin rectifiée), mais il faut reconnaître ses erreurs et surtout écouter ou rechercher les informations pour bien utiliser les outils de paiement.
Mais ça ce n'est rien.
Une femme le consulte pour une agression physique, elle vient se faire examiner, recevoir des soins, une écoute, des remèdes, mais ne souhaite pas de certificat de coup et blessure au moment de la consultation. Il fait la consultation, et lui demande le règlement.
Elle revient 2 heures plus tard car elle a changé d'avis, elle veut un certificat médical, car elle veut porter plainte, sa démarche n'est pas exceptionnelle, souvent les victimes d'agression ne veulent ou ne demandent pas initialement de certificat pour diverses raisons mais elles sont souvent choquées.
Nous médecins devons le leur proposer et le leur faire pour qu'elles n'aient pas à revenir pour cela si elles changeaient d'avis, elles peuvent bien sûr revenir pour recevoir une écoute, un soutien.
Lui, il l'a refait payer.
Et c'est là que je suis révoltée, coup double pour le Mercenaire!!
Non seulement il a profité de la fragilité de cette femme pour se remplir les poches, mais dites-vous bien qu'il nous a tous volé, car c'est le système de soin qu'il fraude (2 actes pour 1 consultation effectuée), c'est nous cotisants du système solidaire de soin (auquel je crois personnellement) qui payons ces consultations gonflées.
Des fraudeurs médecins il y en a, j'ai malheureusement pu en croiser et je les déteste.
Mais des Mercenaires je n'en avais jamais encore entendu parler.
Ne vous laissez pas faire je vous en conjure, vous avez des droits!!
A vous patients!
Dr Paragliding
jeudi 23 janvier 2014
Ma bulle à moi
Tous les mardis soirs, pour Kalee c'est zumba. J'en fais depuis maintenant 2 ans.
Souvent juste avant la séance, je n'ai pas envie d'y aller, je suis fatiguée, je resterais bien à comater dans le canapé (pour changer).
Puis en général j'arrive à bouger mesgrosses fesses, et j'y vais quand même. Et à chaque fois je me dis que j'ai bien fait.
Prendre plaisir à bouger sur la musique, (re)découvrir certains muscles, s'oublier petit à petit pour juste sentir le rythme et se défouler.
Pendant une heure, n'être plus "Mamaaaaan", ni "Docteur", mais juste soi, être là pour soi, et pour personne d'autre.
Le début de la séance est toujours un peu raide, un peu lourd, on regarde les autres, on est un peu "self-conscious". Et puis petit à petit on se détend, on se rappelle qu'il ne faut SURTOUT pas se regarder dans la glace. On s'en fout de faire des erreurs, on est pas à l'Opéra...
La bonne humeur de la prof est communicative. On se lâche, on se laisse aller au rythme, on saute en cadence.
On sue un bon coup, on se décrasse.
Arrive toujours un moment au cours de la séance où mon corps continue à suivre les mouvements de façon quasi-automatique, alors que mon esprit part divaguer de son côté. Je pense alors à tout et rien, à mon prochain billet, à comment j'aimerais que le monde soit autrement. Oui le monde qui habite ma tête pendant les séances de zumba est beaucoup plus simple que le monde réel. C'est dommage qu'il n'existe qu'une heure par semaine, dans mes neurones. Il gagnerait à être plus connu.
Au bout de cette heure-là, je rentre chez moi, je prends ma douche, et je retourne au monde réel. Jusqu'à mardi prochain, 21h.
Et vous, c'est quoi votre bulle à vous?
Souvent juste avant la séance, je n'ai pas envie d'y aller, je suis fatiguée, je resterais bien à comater dans le canapé (pour changer).
Puis en général j'arrive à bouger mes
Prendre plaisir à bouger sur la musique, (re)découvrir certains muscles, s'oublier petit à petit pour juste sentir le rythme et se défouler.
Pendant une heure, n'être plus "Mamaaaaan", ni "Docteur", mais juste soi, être là pour soi, et pour personne d'autre.
Le début de la séance est toujours un peu raide, un peu lourd, on regarde les autres, on est un peu "self-conscious". Et puis petit à petit on se détend, on se rappelle qu'il ne faut SURTOUT pas se regarder dans la glace. On s'en fout de faire des erreurs, on est pas à l'Opéra...
La bonne humeur de la prof est communicative. On se lâche, on se laisse aller au rythme, on saute en cadence.
On sue un bon coup, on se décrasse.
Arrive toujours un moment au cours de la séance où mon corps continue à suivre les mouvements de façon quasi-automatique, alors que mon esprit part divaguer de son côté. Je pense alors à tout et rien, à mon prochain billet, à comment j'aimerais que le monde soit autrement. Oui le monde qui habite ma tête pendant les séances de zumba est beaucoup plus simple que le monde réel. C'est dommage qu'il n'existe qu'une heure par semaine, dans mes neurones. Il gagnerait à être plus connu.
Au bout de cette heure-là, je rentre chez moi, je prends ma douche, et je retourne au monde réel. Jusqu'à mardi prochain, 21h.
Et vous, c'est quoi votre bulle à vous?
mercredi 8 janvier 2014
Entre Leurs Mains, un film essentiel
Si vous traînez sur la Twitto-blogosphère médico-sagefemmesque, vous avez peut-être entendu parler du film "Entre Leurs Mains".
Il s'agit d'un documentaire suivant 4 sage-femmes qui accompagnent les couples pour une naissance à domicile, ou en plateau technique à la maternité. Il a été diffusé sur Public Sénat pendant les fêtes, et est maintenant disponible en VOD ici (jusqu'à fin janvier seulement, dépêchez-vous!)
Ce film est un bijou (et je dis pas ça parce que j'ai donné des sous pour aider à le financer, non non...).
On nous permet de suivre dans leur exercice quotidien ces 4 sage-femmes, Cécile en Isère, Muriel au Pays Basque, Sidonie en région parisienne et Jacqueline dans les Pays de la Loire.
Le film alterne les scènes de suivi des couples: consultation, séances de préparation, accouchements bien sûr, visites post-natales, ainsi que d'autres scènes plus "militantes": réunions de formation de sage-femmes, conférences auprès du grand public, manifestations pour la défense des sage-femmes, réunions pour discuter de la réponse à opposer aux menaces faites actuellement sur l"accouchement à domicile.
Ce que je retiens des naissances vues dans ce film, c'est beaucoup de sérénité, de confiance, de calme. Malgré l'absence de péridurale, AUCUNE de ces femmes ne crie. Une ambiance cocon, de la lumière tamisée, pas de bruit, pas de bip bip (pas de machine qui fait PING!), pas de lumière blafarde. Une venue au monde apaisée, tranquille. La nature fait son travail, la plupart du temps bien, et on la laisse faire sans interférer.
Une fois de temps en temps, la nature a besoin d'un coup de pouce, comme dans le cas de cette maman qui fatigue après un long travail et un bébé qui ne descend pas bien, qui se présente en OS (pour les non-initiés, le bébé est tourné la nuque vers le sacrum de la maman, ce qui est souvent un peu plus compliqué pour la sortie). Cécile décide alors du transfert, la maman accouchera finalement en maternité, avec finalement seulement une épisiotomie en plus. L'éventualité du transfert est envisagé dès le début, les choses se font donc sans panique.
J'ai souri devant certaines scènes, telle cette nuit de travail où Cécile somnole sur le canapé à côté du couple, après avoir versé de l'eau sur le dos de la maman dans sa baignoire. Il ne manquait plus qu'un petit chant maya cher à notre amie Odile pour compléter le tableau... ;-D
Il y a entre ces couples et ces sage-femmes une confiance absolue, une proximité physique, beaucoup de contacts presque charnels pour aider la mère à traverser le travail et à mettre au monde son enfant.
"Mon devenir maman m'a changée en tant que sage-femme. Mon regard sur ce que je faisais aux mères." -Muriel
"L'accouchement à domicile en France c'est pas du tout comme avant: l'hygiène est pas du tout la même, il y a des routes et des voitures, avant d'aller trouver un médecin il y a pas 2 jours de cheval à faire. Les femmes sont surveillées. On va pas découvrir des jumeaux au cours du travail, il y a des tas de pathologies qui sont éliminées. On a des moyens de surveillance pendant l'accouchement, qu'on n'avait pas avant". -Cécile
Jacqueline et Sidonie organisent ensemble des formations et des conférences sur le respect de la physiologie. Quelques propos recueillis lors de ces réunions:
"Si tu les écoutes de ce qu'elles font avant d'arriver à la mat, la plupart ne disent pas qu'elles sont restées allongées dans le lit. Et tu arrives dans une pièce et y'a un lit, c'est vachement inducteur. Et du coup, t'es une gentille fille, tu t'allonges. Parce que de toutes façons t'as regardé des émissions sur TF1 pour te montrer comment t'allais accoucher, et t'as vu pendant des soirs des femmes se mettre toutes allongées pour pousser. Du coup tu peux même pas penser que tu puisses faire autrement" -Une participante à la formation. (Merci le formatage Baby-Boom...)
"Je me suis rendu compte que dans mes propos je banalisais beaucoup la médicalisation de la naissance. Une de mes cours [de préparation à la naissance], c'est médicalisation de la naissance: voilà vous aurez la sat, le tensiomètre, le monito, la perf. J'avais l'impression de rentrer dans un couloir Voilà c'est comme ça, mais non ça peut ne pas être comme ça!" -Une autre participante.
"L'objectif de ces formations n'est pas l'AAD, l'objectif c'est que les sage-femmes puissent permettre à la physiologie d'être respectée. C'est pas l'apologie de l'AAD." -Jacqueline
Les participantes soulèvent le problème du risque d'hémorragie de la délivrance. Jacqueline répond qu'une étude récente (celle-ci, merci 10Lunes pour le lien) a démontré clairement que la plupart des HD graves, hors trouble de la coagulation type Malade de Willebrandt ou autre, sont dûes à un abus de Syntocinon, ce qui par définition ne risque pas d'arriver à domicile. Donc pour elle le risque est fort minime. (Ce qui ne veut pas dire nul... Ça c'est moi qui rajoute.)
"Il faut ouvrir des services entièrement physiologiques, au sein même des hôpitaux, pour que cette prise en charge soit accessible à toute la population, et pas seulement à celles qui auraient eu le temps et les possibilités de réfléchir à la meilleure manière d'accueillir leur enfant. Changer notre vision de l'organisation des soins." -Jacqueline
Une anesthésiste, lors d'une conférence, lit un texte qu'elle a écrit:
"J'entends les gémissements d'une parturiente à chaque contraction. Pourquoi ne fait-elle pas appel à moi? Ne sait-elle pas qu'on peut faire une péri? J'ai le coeur serré par la compassion et la péri me démange. [En résumé elle entre dans la salle et se fait virer...]
J'avais tellement honte de ne pas avoir fait confiance à une femme. En entrant dans cette salle, en fait c'était moi que je voulais soulager.
Mais où ont-elles le choix d'être elles-mêmes actuellement alors qu'on leur pose une péri d'emblée dans 80% des cas? De quelle découverte les prive-t-on en supprimant sans leur avis cette douleur si redoutée et pourtant si riche d'enseignement et si imprévisible dans son intensité? [Encore des propos qui devraient plaire à Odile]
De même que le droit à l'avortement a été une victoire, l'avortement lui-même en est rarement une. De même, accéder à la péri en a été une, mais quand elle devient systématique, sinon obligatoire..."
Là je dis bravo à cette anesthésiste pour le recul qu'elle a su avoir sur sa propre pratique.
On assiste également à des scènes de manifestations et de réunions de soutien aux sage-femmes pratiquant des AAD, dont l'exercice est plus que menacé par l'impossibilité de s'assurer.
Les sage-femmes qui se feraient condamner pour défaut d'assurance risquent 45 000 euros d'amende, de la prison et une interdiction d'exercer. Réaction de Sidonie à ces sanctions éventuelles: "Je me suis dit que les 45 000 euros d'amende c'était pas grave, parce qu'il y aurait la solidarité. Que la prison c'était pas grave. Mais c'est l'interdiction d'exercer..."
Ça en dit long sur leur motivation, quand le fait d'aller en prison apparaît moins grave qu'une interdiction d'exercer... Je dis chapeau mesdames...
Sous cette pression légale, Muriel a décidé d'arrêter les accouchements à domicile pour proposer uniquement la naissance en plateau technique à la maternité d'Orthez. Cette scène, où elle annonce ce choix à un couple m'a beaucoup émue, car on la sent vraiment à fleur de peau, très en colère.
"Ça ne m'amuse pas de céder sous la pression. Pas du tout. Je me mets en colère moi-même. Mais je me sens trop seule. Trop de pression."
"Il y a une méconnaissance de la pratique à la maison, ce sont des accouchements à bas risque! C'est une vraie bataille pour les mères. Avec leur famille, leur médecin traitant. Elles deviennent des parias. C'est ça qui est dur aussi. Être paria tout le temps. On est toujours suspectes de faire je ne sais quoi, une espèce de sorcière..."
On comprend la lassitude de Muriel, et on ne lui en veut pas de baisser les bras...
Au total ce film montre le travail exceptionnel de ces 4 professionnelles, qui sont loin d'être des têtes brûlées, et leur engagement inconditionnel dans leur métier auprès des femmes, des couples et de leurs nouveaux-nés.
Mais l'avenir qu'il laisse deviner pour leur choix d'exercice reste très sombre, et il leur (nous?) faudra encore se battre longtemps avant qu'il soit accepté, dé-stigmatisé, et intégré comme un maillon comme les autres de la prise en charge périnatale française.
Le combat est loin, très loin d'être gagné.
Alors si le choix des femmes et des couples pour la naissance vous tient à coeur, regardez ce film, parlez-en autour de vous, faites-le voir au plus grand nombre.
A bon entendeur.
Et un grand merci à l'équipe du film, ainsi qu'à Sidonie, Jacqueline, Cécile et Muriel.
Si vous voulez lire d'autres réactions, c'est par là:
http://www.entreleursmains.org/ellesils-en-parlent/
Il s'agit d'un documentaire suivant 4 sage-femmes qui accompagnent les couples pour une naissance à domicile, ou en plateau technique à la maternité. Il a été diffusé sur Public Sénat pendant les fêtes, et est maintenant disponible en VOD ici (jusqu'à fin janvier seulement, dépêchez-vous!)
Ce film est un bijou (et je dis pas ça parce que j'ai donné des sous pour aider à le financer, non non...).
On nous permet de suivre dans leur exercice quotidien ces 4 sage-femmes, Cécile en Isère, Muriel au Pays Basque, Sidonie en région parisienne et Jacqueline dans les Pays de la Loire.
Le film alterne les scènes de suivi des couples: consultation, séances de préparation, accouchements bien sûr, visites post-natales, ainsi que d'autres scènes plus "militantes": réunions de formation de sage-femmes, conférences auprès du grand public, manifestations pour la défense des sage-femmes, réunions pour discuter de la réponse à opposer aux menaces faites actuellement sur l"accouchement à domicile.
Ce que je retiens des naissances vues dans ce film, c'est beaucoup de sérénité, de confiance, de calme. Malgré l'absence de péridurale, AUCUNE de ces femmes ne crie. Une ambiance cocon, de la lumière tamisée, pas de bruit, pas de bip bip (pas de machine qui fait PING!), pas de lumière blafarde. Une venue au monde apaisée, tranquille. La nature fait son travail, la plupart du temps bien, et on la laisse faire sans interférer.
Une fois de temps en temps, la nature a besoin d'un coup de pouce, comme dans le cas de cette maman qui fatigue après un long travail et un bébé qui ne descend pas bien, qui se présente en OS (pour les non-initiés, le bébé est tourné la nuque vers le sacrum de la maman, ce qui est souvent un peu plus compliqué pour la sortie). Cécile décide alors du transfert, la maman accouchera finalement en maternité, avec finalement seulement une épisiotomie en plus. L'éventualité du transfert est envisagé dès le début, les choses se font donc sans panique.
J'ai souri devant certaines scènes, telle cette nuit de travail où Cécile somnole sur le canapé à côté du couple, après avoir versé de l'eau sur le dos de la maman dans sa baignoire. Il ne manquait plus qu'un petit chant maya cher à notre amie Odile pour compléter le tableau... ;-D
Il y a entre ces couples et ces sage-femmes une confiance absolue, une proximité physique, beaucoup de contacts presque charnels pour aider la mère à traverser le travail et à mettre au monde son enfant.
"Mon devenir maman m'a changée en tant que sage-femme. Mon regard sur ce que je faisais aux mères." -Muriel
"L'accouchement à domicile en France c'est pas du tout comme avant: l'hygiène est pas du tout la même, il y a des routes et des voitures, avant d'aller trouver un médecin il y a pas 2 jours de cheval à faire. Les femmes sont surveillées. On va pas découvrir des jumeaux au cours du travail, il y a des tas de pathologies qui sont éliminées. On a des moyens de surveillance pendant l'accouchement, qu'on n'avait pas avant". -Cécile
Jacqueline et Sidonie organisent ensemble des formations et des conférences sur le respect de la physiologie. Quelques propos recueillis lors de ces réunions:
"Si tu les écoutes de ce qu'elles font avant d'arriver à la mat, la plupart ne disent pas qu'elles sont restées allongées dans le lit. Et tu arrives dans une pièce et y'a un lit, c'est vachement inducteur. Et du coup, t'es une gentille fille, tu t'allonges. Parce que de toutes façons t'as regardé des émissions sur TF1 pour te montrer comment t'allais accoucher, et t'as vu pendant des soirs des femmes se mettre toutes allongées pour pousser. Du coup tu peux même pas penser que tu puisses faire autrement" -Une participante à la formation. (Merci le formatage Baby-Boom...)
"Je me suis rendu compte que dans mes propos je banalisais beaucoup la médicalisation de la naissance. Une de mes cours [de préparation à la naissance], c'est médicalisation de la naissance: voilà vous aurez la sat, le tensiomètre, le monito, la perf. J'avais l'impression de rentrer dans un couloir Voilà c'est comme ça, mais non ça peut ne pas être comme ça!" -Une autre participante.
"L'objectif de ces formations n'est pas l'AAD, l'objectif c'est que les sage-femmes puissent permettre à la physiologie d'être respectée. C'est pas l'apologie de l'AAD." -Jacqueline
Les participantes soulèvent le problème du risque d'hémorragie de la délivrance. Jacqueline répond qu'une étude récente (celle-ci, merci 10Lunes pour le lien) a démontré clairement que la plupart des HD graves, hors trouble de la coagulation type Malade de Willebrandt ou autre, sont dûes à un abus de Syntocinon, ce qui par définition ne risque pas d'arriver à domicile. Donc pour elle le risque est fort minime. (Ce qui ne veut pas dire nul... Ça c'est moi qui rajoute.)
"Il faut ouvrir des services entièrement physiologiques, au sein même des hôpitaux, pour que cette prise en charge soit accessible à toute la population, et pas seulement à celles qui auraient eu le temps et les possibilités de réfléchir à la meilleure manière d'accueillir leur enfant. Changer notre vision de l'organisation des soins." -Jacqueline
Une anesthésiste, lors d'une conférence, lit un texte qu'elle a écrit:
"J'entends les gémissements d'une parturiente à chaque contraction. Pourquoi ne fait-elle pas appel à moi? Ne sait-elle pas qu'on peut faire une péri? J'ai le coeur serré par la compassion et la péri me démange. [En résumé elle entre dans la salle et se fait virer...]
J'avais tellement honte de ne pas avoir fait confiance à une femme. En entrant dans cette salle, en fait c'était moi que je voulais soulager.
Mais où ont-elles le choix d'être elles-mêmes actuellement alors qu'on leur pose une péri d'emblée dans 80% des cas? De quelle découverte les prive-t-on en supprimant sans leur avis cette douleur si redoutée et pourtant si riche d'enseignement et si imprévisible dans son intensité? [Encore des propos qui devraient plaire à Odile]
De même que le droit à l'avortement a été une victoire, l'avortement lui-même en est rarement une. De même, accéder à la péri en a été une, mais quand elle devient systématique, sinon obligatoire..."
Là je dis bravo à cette anesthésiste pour le recul qu'elle a su avoir sur sa propre pratique.
On assiste également à des scènes de manifestations et de réunions de soutien aux sage-femmes pratiquant des AAD, dont l'exercice est plus que menacé par l'impossibilité de s'assurer.
Les sage-femmes qui se feraient condamner pour défaut d'assurance risquent 45 000 euros d'amende, de la prison et une interdiction d'exercer. Réaction de Sidonie à ces sanctions éventuelles: "Je me suis dit que les 45 000 euros d'amende c'était pas grave, parce qu'il y aurait la solidarité. Que la prison c'était pas grave. Mais c'est l'interdiction d'exercer..."
Ça en dit long sur leur motivation, quand le fait d'aller en prison apparaît moins grave qu'une interdiction d'exercer... Je dis chapeau mesdames...
Sous cette pression légale, Muriel a décidé d'arrêter les accouchements à domicile pour proposer uniquement la naissance en plateau technique à la maternité d'Orthez. Cette scène, où elle annonce ce choix à un couple m'a beaucoup émue, car on la sent vraiment à fleur de peau, très en colère.
"Ça ne m'amuse pas de céder sous la pression. Pas du tout. Je me mets en colère moi-même. Mais je me sens trop seule. Trop de pression."
"Il y a une méconnaissance de la pratique à la maison, ce sont des accouchements à bas risque! C'est une vraie bataille pour les mères. Avec leur famille, leur médecin traitant. Elles deviennent des parias. C'est ça qui est dur aussi. Être paria tout le temps. On est toujours suspectes de faire je ne sais quoi, une espèce de sorcière..."
On comprend la lassitude de Muriel, et on ne lui en veut pas de baisser les bras...
Au total ce film montre le travail exceptionnel de ces 4 professionnelles, qui sont loin d'être des têtes brûlées, et leur engagement inconditionnel dans leur métier auprès des femmes, des couples et de leurs nouveaux-nés.
Mais l'avenir qu'il laisse deviner pour leur choix d'exercice reste très sombre, et il leur (nous?) faudra encore se battre longtemps avant qu'il soit accepté, dé-stigmatisé, et intégré comme un maillon comme les autres de la prise en charge périnatale française.
Le combat est loin, très loin d'être gagné.
Alors si le choix des femmes et des couples pour la naissance vous tient à coeur, regardez ce film, parlez-en autour de vous, faites-le voir au plus grand nombre.
A bon entendeur.
Et un grand merci à l'équipe du film, ainsi qu'à Sidonie, Jacqueline, Cécile et Muriel.
Si vous voulez lire d'autres réactions, c'est par là:
http://www.entreleursmains.org/ellesils-en-parlent/
vendredi 20 décembre 2013
Sage-femmes, Je vous aime
Les sages-femmes sont en grève depuis maintenant 2 mois. Si vous n'êtes pas dans le milieu, vous n'êtes peut-être pas au courant, vu qu'elles ne font pas vraiment les gros titres des journaux.
Malheureusement. Car c'est l'avenir de la prise en charge de la grossesse et de la naissance en France qui est en jeu. Et même plus largement de la prise en charge gynécologique de la femme en bonne santé.
Je ne vais pas rentrer dans le détail des revendications, car je ne me sens pas la légitimité de les juger, n'étant pas sage-femme moi-même.
Par contre j'aimerais vous parler de ce que représentent pour moi les sage-femmes.
(Pour être claire pour moi le terme de Sage-femme regroupe les hommes et les femmes qui exercent ce métier. Car c'est "la personne qui détient la sagesse au sujet des femmes" et non "la femme qui est sage". Et puis Maïeuticien c'est moche. Voilà pour les questions de terminologie)
Ce billet va peut-être vous paraître redondant par rapport à certains précédents où il est vrai que j'ai déjà abordé ces sujets-là. Mais l'actualité tant du point de vue des sage-femmes que de ma vie personnelle fait que j'ai envie de les répéter. Encore et encore.
Apparemment, tout le monde, sage-femmes, gynécologues, Ministère, est d'accord pour dire que oh là là ça va pas du tout, cette situation est terrible, les chiffres périnataux sont mauvais, les femmes françaises sont de moins en moins bien prises en charge, patati patata.
Ce qui est intéressant, c'est que chacun en tire des conclusions diamétralement opposées.
Les gynécos (enfin certains, ils ne sont peut-être, enfin j'espère, pas tous derrière ça), viennent de publier ceci:
http://www.fncgm.com/images/PREMIERE_PAGE/fncgm_131219_comquesf.pdf
Quand je lis de genre de prose, mon sang se met à bouillir. Déjà le ton puant de mépris et de condescendance, passons...
Les sage-femmes en premier recours pour le suivi gynécologique et obstétrical des femmes en bonne santé serait donc un retour en arrière pour la santé des femmes? Moui. Je sais pas pourquoi mais moi ça ne me fait pas peur du tout.
Peut-être parce que je ne cesse d'entendre des récits de femmes qui se plaignent de la façon dont elles ont été traitées et prises en charge par leurs gynécos? (Et j'en fait partie)
Je ne compte plus les prescriptions de pilules de 3e G en 1e intention, les refus de DIU, les contraceptions plus ou moins imposées sans espace de discussion, les frottis débutés à 18 ans et répétés tous les ans à l'encontre de toutes les recommandations officielles, les prescriptions de mammographies à 40 ans, toujours sans information et discussion, et toujours à l'encontre des recommandations. Les femmes qui se disent non écoutées, infantilisées, mal traitées...
Les gynécologues sont des SPECIALISTES d'ORGANE, des techniciens, et il serait bon qu'ils s'en souviennent et se concentrent sur la PATHOLOGIE. Aller voir un gynécologue pour un suivi gynéco systématique et une contraception quand on n'a aucun antécédent médical spécifique ne SERT à RIEN. Et je pèse mes mots! C'est du gâchis de compétence!
Un médecin généraliste ou une sage-femme, l'un ou l'autre sensibilisés au domaine et bien formés feront le job tout à fait bien.
Si les gynécos se concentraient sur la pathologie, ça permettrait peut-être que les femmes qui en ont vraiment besoin puissent être reçues en consultation dans des délais raisonnables... Mais bon, je dis ça, je dis rien, comme on dit.
Il en est de même pour la prise en charge de la grossesse et de la naissance. Je suis intimement persuadée que si la France a ces chiffres médiocres en terme de périnatalité, ce n'est pas par défaut de surveillance médicale, mais au contraire bien à cause d'une sur-médicalisation généralisée.
Quand on regroupe toutes les naissances dans des usines à bébé immenses, avec, comme le décrivait pas plus tard que la semaine dernière une jeune accouchée (en passant elle-même sage-femme), 6 femmes en travail pour seulement 4 salles d'accouchement et UNE SEULE sage-femme! mais comment peut-on penser 2 secondes que ces femmes sont en sécurité? C'est bien joli de les brancher toutes sur une jolie machine qui fait PING (Cc les MontyPython) avec PC centralisé toussa toussa. S'il n'y a personne pour regarder les tracés, ça ne sert à rien!
Tant qu'on pensera que toutes les femmes peuvent bien accoucher selon le même protocole Monito/Péri/rupture/Synto/position gynéco Pattes en l'air/Episio (ah j'ai oublié le TV horaire), et bien il y aura toujours des femmes traumatisées par leurs accouchements (et là encore j'en fais partie).
Un/e sage-femme bien formé/e (à la physiologie et à la détection précoce de la pathologie, n'en déplaise à ces messieurs-dames qui ont commis le tract pré-cité), ayant le temps et les moyens de faire son job sereinement, ça vaut toutes les machines qui font PING. Un accompagnement humain, une main, une voix qui rassure, qui encourage, qui sait aussi se tenir en retrait et ne pas intervenir lorsque ce n'est pas nécessaire, c'est ça qui évite souvent les complications inutiles.
Aujourd'hui, alors que j'espère bientôt mettre au monde mon 3e enfant, je suis un peu rassurée pour moi.Car après 2 grossesses et 2 accouchements au suivi plus ou moins foireux, j'ai cheminé, je me suis renseignée, je me suis informée, et je sais maintenant quels sont mes besoins. J'ai trouvé, je pense, la sage-femme qui me correspond, qui sera à mes côtés pour suivre ma grossesse ET m'aider à faire naître mon enfant. Je ne l'ai rencontrée qu'une fois pour l'instant, mais d'ores et déjà je sens que nous sommes sur la même longueur d'onde, qu'on s'entendra bien.
Je ne voulais pour rien au monde rester dans cette incertitude de "comment ça se passera le jour de l'accouchement", si j'ai de la chance de tomber sur un/e SF cool et disponible ça sera bien, sinon ça sera -encore une fois- la galère. C'est bon, j'ai donné 2 fois, et je n'ai pas de chance. Alors je préfère prendre les devants.
Voilà, pour moi, ça devrait aller. Je suis par contre plus qu'inquiète pour mes concitoyennes, celles qui ne sont peut-être pas aussi éduquées, aussi informées que moi, celles qui ont regardé Baby-Boom et qui pensent donc que l'accouchement c'est forcément sur le dos les pattes en l'air sous péri et avec un monito autour du bide. Parce qu'on ne leur a jamais dit que ça pouvait se passer autrement. Et que de toutes façons les pauvres SF débordées de la maternité n'auront pas le temps de faire en sorte que ça se passe autrement.
Et cela me rend triste. Je pense que beaucoup de femmes/couples sont passé/es et vont encore passer à côté de la naissance qui leur correspond, par manque d'information et par manque de moyens en personnels.
Voilà. Le tableau est assez sombre. Un petit espoir du côté de la loi sur les Maisons de Naissance, enfin. Par contre beaucoup de recul sur l'AAD, qu'on tente discrétos de faire disparaître en laissant pourrir la situation des sage-femmes non assurées. Un pas en avant, deux pas en arrière.
Pour résumer ma pensée:
Les sage-femmes font un job en or, si tant est qu'on leur donne les moyens de le faire correctement. Les sage-femmes ont toute leur place en tant que professionnel de PREMIER RECOURS pour le suivi gynéco-obstétrical des femmes en bonne santé.
Si vous voulez avoir un exemple de ce que peut être le job d'une sage-femme hors d'une usine à bébé, prenez le temps de visionner ce film (oui je fais de la promo, j'ai participé au financement!):
Entre leurs mains
Je n'ai pas encore eu le bonheur de le voir, mais toutes les personnes qui ont eu la chance de pouvoir aller à l'avant-première ont chanté ses louanges. Il passera pendant les vacances de fin d'année sur Public Sénat.
(Et ça vous changera de Baby-Boom!)
Et vous, femmes, futures mamans, futurs parents, prenez les choses en main, informez-vous, protestez, faites VOS choix, et ne vous laissez pas imposer ceux des autres.
Malheureusement. Car c'est l'avenir de la prise en charge de la grossesse et de la naissance en France qui est en jeu. Et même plus largement de la prise en charge gynécologique de la femme en bonne santé.
Je ne vais pas rentrer dans le détail des revendications, car je ne me sens pas la légitimité de les juger, n'étant pas sage-femme moi-même.
Par contre j'aimerais vous parler de ce que représentent pour moi les sage-femmes.
(Pour être claire pour moi le terme de Sage-femme regroupe les hommes et les femmes qui exercent ce métier. Car c'est "la personne qui détient la sagesse au sujet des femmes" et non "la femme qui est sage". Et puis Maïeuticien c'est moche. Voilà pour les questions de terminologie)
Ce billet va peut-être vous paraître redondant par rapport à certains précédents où il est vrai que j'ai déjà abordé ces sujets-là. Mais l'actualité tant du point de vue des sage-femmes que de ma vie personnelle fait que j'ai envie de les répéter. Encore et encore.
Apparemment, tout le monde, sage-femmes, gynécologues, Ministère, est d'accord pour dire que oh là là ça va pas du tout, cette situation est terrible, les chiffres périnataux sont mauvais, les femmes françaises sont de moins en moins bien prises en charge, patati patata.
Ce qui est intéressant, c'est que chacun en tire des conclusions diamétralement opposées.
Les gynécos (enfin certains, ils ne sont peut-être, enfin j'espère, pas tous derrière ça), viennent de publier ceci:
http://www.fncgm.com/images/PREMIERE_PAGE/fncgm_131219_comquesf.pdf
Quand je lis de genre de prose, mon sang se met à bouillir. Déjà le ton puant de mépris et de condescendance, passons...
Les sage-femmes en premier recours pour le suivi gynécologique et obstétrical des femmes en bonne santé serait donc un retour en arrière pour la santé des femmes? Moui. Je sais pas pourquoi mais moi ça ne me fait pas peur du tout.
Peut-être parce que je ne cesse d'entendre des récits de femmes qui se plaignent de la façon dont elles ont été traitées et prises en charge par leurs gynécos? (Et j'en fait partie)
Je ne compte plus les prescriptions de pilules de 3e G en 1e intention, les refus de DIU, les contraceptions plus ou moins imposées sans espace de discussion, les frottis débutés à 18 ans et répétés tous les ans à l'encontre de toutes les recommandations officielles, les prescriptions de mammographies à 40 ans, toujours sans information et discussion, et toujours à l'encontre des recommandations. Les femmes qui se disent non écoutées, infantilisées, mal traitées...
Les gynécologues sont des SPECIALISTES d'ORGANE, des techniciens, et il serait bon qu'ils s'en souviennent et se concentrent sur la PATHOLOGIE. Aller voir un gynécologue pour un suivi gynéco systématique et une contraception quand on n'a aucun antécédent médical spécifique ne SERT à RIEN. Et je pèse mes mots! C'est du gâchis de compétence!
Un médecin généraliste ou une sage-femme, l'un ou l'autre sensibilisés au domaine et bien formés feront le job tout à fait bien.
Si les gynécos se concentraient sur la pathologie, ça permettrait peut-être que les femmes qui en ont vraiment besoin puissent être reçues en consultation dans des délais raisonnables... Mais bon, je dis ça, je dis rien, comme on dit.
Il en est de même pour la prise en charge de la grossesse et de la naissance. Je suis intimement persuadée que si la France a ces chiffres médiocres en terme de périnatalité, ce n'est pas par défaut de surveillance médicale, mais au contraire bien à cause d'une sur-médicalisation généralisée.
Quand on regroupe toutes les naissances dans des usines à bébé immenses, avec, comme le décrivait pas plus tard que la semaine dernière une jeune accouchée (en passant elle-même sage-femme), 6 femmes en travail pour seulement 4 salles d'accouchement et UNE SEULE sage-femme! mais comment peut-on penser 2 secondes que ces femmes sont en sécurité? C'est bien joli de les brancher toutes sur une jolie machine qui fait PING (Cc les MontyPython) avec PC centralisé toussa toussa. S'il n'y a personne pour regarder les tracés, ça ne sert à rien!
Tant qu'on pensera que toutes les femmes peuvent bien accoucher selon le même protocole Monito/Péri/rupture/Synto/position gynéco Pattes en l'air/Episio (ah j'ai oublié le TV horaire), et bien il y aura toujours des femmes traumatisées par leurs accouchements (et là encore j'en fais partie).
Un/e sage-femme bien formé/e (à la physiologie et à la détection précoce de la pathologie, n'en déplaise à ces messieurs-dames qui ont commis le tract pré-cité), ayant le temps et les moyens de faire son job sereinement, ça vaut toutes les machines qui font PING. Un accompagnement humain, une main, une voix qui rassure, qui encourage, qui sait aussi se tenir en retrait et ne pas intervenir lorsque ce n'est pas nécessaire, c'est ça qui évite souvent les complications inutiles.
Aujourd'hui, alors que j'espère bientôt mettre au monde mon 3e enfant, je suis un peu rassurée pour moi.Car après 2 grossesses et 2 accouchements au suivi plus ou moins foireux, j'ai cheminé, je me suis renseignée, je me suis informée, et je sais maintenant quels sont mes besoins. J'ai trouvé, je pense, la sage-femme qui me correspond, qui sera à mes côtés pour suivre ma grossesse ET m'aider à faire naître mon enfant. Je ne l'ai rencontrée qu'une fois pour l'instant, mais d'ores et déjà je sens que nous sommes sur la même longueur d'onde, qu'on s'entendra bien.
Je ne voulais pour rien au monde rester dans cette incertitude de "comment ça se passera le jour de l'accouchement", si j'ai de la chance de tomber sur un/e SF cool et disponible ça sera bien, sinon ça sera -encore une fois- la galère. C'est bon, j'ai donné 2 fois, et je n'ai pas de chance. Alors je préfère prendre les devants.
Voilà, pour moi, ça devrait aller. Je suis par contre plus qu'inquiète pour mes concitoyennes, celles qui ne sont peut-être pas aussi éduquées, aussi informées que moi, celles qui ont regardé Baby-Boom et qui pensent donc que l'accouchement c'est forcément sur le dos les pattes en l'air sous péri et avec un monito autour du bide. Parce qu'on ne leur a jamais dit que ça pouvait se passer autrement. Et que de toutes façons les pauvres SF débordées de la maternité n'auront pas le temps de faire en sorte que ça se passe autrement.
Et cela me rend triste. Je pense que beaucoup de femmes/couples sont passé/es et vont encore passer à côté de la naissance qui leur correspond, par manque d'information et par manque de moyens en personnels.
Voilà. Le tableau est assez sombre. Un petit espoir du côté de la loi sur les Maisons de Naissance, enfin. Par contre beaucoup de recul sur l'AAD, qu'on tente discrétos de faire disparaître en laissant pourrir la situation des sage-femmes non assurées. Un pas en avant, deux pas en arrière.
Pour résumer ma pensée:
Les sage-femmes font un job en or, si tant est qu'on leur donne les moyens de le faire correctement. Les sage-femmes ont toute leur place en tant que professionnel de PREMIER RECOURS pour le suivi gynéco-obstétrical des femmes en bonne santé.
Si vous voulez avoir un exemple de ce que peut être le job d'une sage-femme hors d'une usine à bébé, prenez le temps de visionner ce film (oui je fais de la promo, j'ai participé au financement!):
Entre leurs mains
Je n'ai pas encore eu le bonheur de le voir, mais toutes les personnes qui ont eu la chance de pouvoir aller à l'avant-première ont chanté ses louanges. Il passera pendant les vacances de fin d'année sur Public Sénat.
(Et ça vous changera de Baby-Boom!)
Et vous, femmes, futures mamans, futurs parents, prenez les choses en main, informez-vous, protestez, faites VOS choix, et ne vous laissez pas imposer ceux des autres.
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