J'ai entendu parler sur Twitter du concept de "Diversification menée par l'enfant", et ça m'a intéressée, vu que la diversification avec mon 2e fils a toujours été assez compliquée, et qu'aujourd'hui encore à 4 ans il a un régime alimentaire très peu divers (à base principalement de chocolat en fait...)
Et puis récemment j'ai lu ce formidable bouquin: Mon enfant ne mange pas de Carlos Gonzalez
Depuis je n'embête plus mon fils pour qu'il finisse son assiette. Et cela a renforcé ma motivation pour diversifier MiniMarmot de façon libre et sans contrainte.
Résultat à 8 mois il mange plus et plus varié que son grand frère... (Bon ok, il y a sûrement un facteur propre à chaque enfant...)
Du coup à l'aune de ces récentes lectures, discussions et expériences personnelles, j'ai rédigé pour le cabinet un document pour aider les parents à s'y retrouver dans la littérature fournie et parfois contradictoire sur le sujet. Je le partage ici, si ça peut servir à des parents ou à mes chers confrères/soeurs.
*Roulement de tambours*
Quelques
conseils sur la diversification alimentaire
Entre
4 et 6 mois, commence la période appelée "diversification
alimentaire", lorsque le bébé jusqu'ici nourri uniquement de
lait (maternel ou artificiel), découvre les autres aliments.
Il
existe de nombreuses recommandations sur la façon de procéder pour
cette diversification, qui changent selon les époques, selon les
pays, ou selon les médecins à la même époque et dans le même
pays... Comment s'y retrouver parmi tous ces conseils
contradictoires? Qui a raison? Probablement un peu tout le monde et
un peu personne.
Je
vous propose dans ce document quelques grands principes pour vous
guider, à vous parents de l'adapter selon vos possibilités, votre
rythme de vie et surtout selon votre enfant.
Il
existe actuellement plusieurs "écoles" concernant la façon
de diversifier l'alimentation des nourrissons.
La
diversification "classique", que vous pourrez trouver en
détail sur le site internet
http://www.mangerbouger.fr/pour-qui-242/enfants/la-phase-de-diversification-6-mois-3-ans/,
où l'on commence à 4 mois à proposer des soupes de légumes, puis
des compotes de fruits, de façon très progressive, au biberon ou à
la cuillère.
La
diversification dite "menée par l'enfant", que vous
pourrez découvrir sur le site
http://www.diversificationalimentaire.com/,
où l'on commence à partir de 6 mois, de façon beaucoup plus libre,
en donnant directement des aliments solides que l'enfant peut porter
à sa bouche lui-même.
Je
ne pense pas qu'il existe UNE bonne façon de faire, d'ailleurs ces 2
méthodes peuvent tout à fait être mixées et utilisées
simultanément.
Quand
commencer?
Les
recommandations internationales (OMS, UNICEF, Société Européenne
de Nutrition Pédiatrique...), recommandent un allaitement exclusif
(au lait maternel de préférence) jusqu'à 6 mois.
Les
sociétés d'allergologie préconisent afin de limiter les risque
d'allergies alimentaires d'introduire un maximum d'aliments entre 4
et 6 mois (il semblerait que cette période soit la plus propice en
terme de tolérance immunitaire).
Il
parait donc raisonnable de commencer à 4 mois si l'enfant semble
intéressé et motivé par l'alimentation complémentaire, et
d'attendre 6 mois dans le cas contraire. On peut aussi adapter selon le développement du bébé, son tonus (se tient-il bien assis, porte-t-il les objets à la bouche...).
Le
lait
De
toutes façons, l'alimentation complémentaire est et doit rester
comme son nom l'indique "complémentaire", jusqu'à l'âge
de 12 mois. Pendant cette première année de vie, l'essentiel des
calories et besoins nutritionnels reste couvert par le lait, qu'il
soit maternel ou artificiel.
Si
l'enfant est allaité, on peut continuer à proposer la tétée à la
demande. Il vaut mieux proposer la tétée avant l'alimentation solide, afin de ne pas induire un sevrage par une baisse de la consommation de lait. En cas d'allaitement maternel exclusif prolongé avec une alimentation complémentaire peu importante il peut être nécessaire de supplémenter en Fer. A voir avec le médecin de l'enfant. S'il est nourri au biberon, il doit boire au moins 500mL de
lait par jour, en utilisant du lait infantile 2e âge (le lait de
vache étant trop pauvre en Fer, et trop riche en protéines). Par
contre à partir de 12 mois on peut utiliser du lait de vache, entier
de préférence et non Demi-écrémé. Les laits de croissance n'ont
aucun intérêt nutritionnel, d'autant qu'ils sont le plus souvent
sucrés.
Si
l'enfant refuse de boire du lait au biberon, ou à la tasse, on peut
lui proposer à la place des laitages (fromage blanc, yaourts, petits
suisses, toujours de préférence au lait entier).
Les
fruits et les légumes
Il
est possible de les proposer donc à partir de 4 mois ou 6 mois. Il
n'y a pas d'ordre particulier recommandé ni de quantités minimales
ou maximales. Respecter les goûts et les besoins de l'enfant. Les
légumes peuvent être proposés en purée ou en soupe, ou écrasés
à la fourchette. Dès que l'enfant sait saisir et porter des objets
à la bouche, on peut lui proposer des légumes en morceaux
(bâtonnets de carotte, de courgettes, bouquet de chou-fleur, haricots
verts...). L'enfant n'en avalera probablement pas beaucoup au début,
la majorité se retrouvera par terre, sur les vêtements, dans les
cheveux. Cela n'a pas d'importance. L'enfant fait connaissance avec
les aliments, les goûts, les textures et la mastication (il n'est
d'ailleurs pas nécessaire d'attendre que l'enfant ait des dents). De
même les fruits peuvent être proposés en compote (sans sucre
ajouté), écrasés, ou cru en morceaux à grignoter. Privilégier
si possible les fruits et légumes bio, et de saison.
Vous
pouvez faire goûter à votre enfant tous les fruits et légumes qui
sont au menu des adultes ou enfants plus grands.
Les
céréales
Il
est recommandé d'introduire le gluten (contenu dans tous les dérivés
de blé: farine, pain, pâtes...) progressivement entre 4 et 7 mois. Selon ses capacités motrices et de mastication,
l'enfant peut consommer du pain (un croûton un peu dur à sucer), du
riz bien cuit, des pâtes bien cuites, de la semoule, et toute autre
céréale. Par contre il n'y a pas d'intérêt à ajouter des
céréales en poudre au biberon (notamment pour le biberon du soir,
contrairement à l'idée reçue, cela n'aidera pas l'enfant à mieux
dormir...)
Les
protéines animales
Dès 4-5 mois l'enfant peut consommer du poisson (écrasé à la fourchette,
consommé à la cuiller ou à la main), de la viande (mixée ou
présentée en gros morceaux à prendre à la main), des oeufs (à la
coque, omelette, dur...), des fromages. Il n'est pas nécessaire de
consommer des protéines animales tous les jours. En dehors du lait,
une fois par jour est suffisante. Un régime végétarien est
d'ailleurs possible pour un nourrisson, à condition qu'il consomme
en plus au moins 500mL de lait infantile ou équivalent en produits
laitiers, ou allaitement maternel à la demande. Le régime
végétalien n'est par contre pas adapté au nourrisson.
Les
boissons
La
seule boisson intéressante en dehors du lait est l'eau. Pour un
nourrisson allaité à la demande, elle n'est même pas nécessaire.
S'il a soif il prendra une petite tétée. Il est possible toutefois
de proposer de l'eau si l'enfant a soif et que la mère n'est pas
disponible ou ne souhaite pas proposer le sein à ce moment-là. Dans
ce cas il vaut mieux proposer de l'eau à la tasse qu'au biberon.
Pour
les nourrissons nourris au lait artificiel, il est possible entre les
biberons de proposer de l'eau à volonté.
Il
est possible de proposer après 6 mois des tisanes ou du thé léger.
Par contre les boissons sucrées type soda, qu'elles soient gazeuses
ou plates sont à proscrire avant l'âge de 3 ans.
Les
jus de fruits (pur jus, sans sucre ajoutés), peuvent être proposés
occasionnellement et en petite quantités.
Le
sucre, le sel, les friandises
Les
plats de légumes/viande/poisson doivent être cuisinés sans sel
ajouté. Les fruits et laitages, sans sucre ajouté. Si l'enfant
n'apprécie pas trop le laitage nature, il est préférable de le
sucrer en ajoutant un peu de compote de fruit.
Concernant
les friandises et pâtisseries, éviter autant que possible les
produits industriels. Il est possible de faire goûter à l'enfant
des pâtisseries maison, occasionnellement, en petite quantité. Il
vaut mieux en rester aux produits simples et le moins transformés
possible.
Petits pots, ou fait maison?
Comme vous voulez/pouvez!
Sur le plan nutritionnel, les petits pots pour bébé sont très équilibrés. Les teneurs en résidus de produits chimiques (pesticides...) sont très strictement contrôlés, et plus basses que dans les produits tout publics (compotes ou purées de légumes). On peut ensuite discuter de leurs qualités gustatives...
Si vous aimez faire maison, utilisez au maximum les ingrédients qui sont prévus au menu des plus grands, en adaptant la quantité et la texture. Privilégiez autant que possible les produits bio ou de filière raisonnée.
Petits pots, ou fait maison?
Comme vous voulez/pouvez!
Sur le plan nutritionnel, les petits pots pour bébé sont très équilibrés. Les teneurs en résidus de produits chimiques (pesticides...) sont très strictement contrôlés, et plus basses que dans les produits tout publics (compotes ou purées de légumes). On peut ensuite discuter de leurs qualités gustatives...
Si vous aimez faire maison, utilisez au maximum les ingrédients qui sont prévus au menu des plus grands, en adaptant la quantité et la texture. Privilégiez autant que possible les produits bio ou de filière raisonnée.
Les
quantités à proposer, le rythme des repas
Comme
je l'ai déjà évoqué, l'alimentation hors lait est
"complémentaire". Les besoins nutritionnels sont couverts
intégralement par le lait jusqu'à 12 mois. Il n'y a donc pas de
quantité minimale imposée. Les enfants, comme les adultes, ont des
appétits très variables, et leur rythme et leurs besoins doivent
être respectés. Si l'enfant n'est pas prêt à manger diversifié,
il ne faut pas forcer la main. Attendez quelques jours/semaines, puis
reproposez.
De
même, le fait d'avoir des horaires fixes pour les repas relève
d'une convention sociale, et non d'un besoin physiologique. Les
petits enfants peuvent avoir besoin de faire de très petits repas,
très souvent. Il est fort possible qu'un nourrisson continue à
manger 5 à 6 fois par jour jusqu'à 1 an et même après.
Lorsque
votre enfant ne veut pas finir son assiette, mais redemande à manger
peu après, regardez son abdomen et tentez de vous représenter
quelle taille peut faire son estomac. Vous réaliserez vite qu'on a
souvent tendance à proposer des portions beaucoup trop grosses...
Quoi
qu'il en soit, en conclusion
Quelle
que soit la méthode que vous employez, la diversification
alimentaire doit être une découverte pour l'enfant, un
apprentissage progressif, qu'il doit pouvoir mener à son rythme et
avec plaisir.
Un
enfant en bonne santé sait combien il a besoin de manger, et ne se
laisse jamais mourir de faim.
Pour
cette raison, NE FORCEZ JAMAIS JAMAIS JAMAIS votre enfant à manger!
Un
conseil de lecture au sujet de l'alimentation des enfants:
"Mon
enfant ne mange pas" du Dr Carlos Gonzales aux éditions de La
Leche League, disponible sur le site internet de La Leche League